Cette chronique se veut un plaidoyer pour une célébration, ou du moins un souligne-ment plus marqué du Mois de la littératie financière au travail.

« Saviez-vous que novembre est le Mois de la littératie financière au Canada ? » Telle est la question que j’ai posée aux employeurs avec qui j’ai pu communiquer ces dernières semaines. Neuf sur dix l’ignoraient. Et pourtant, cela fera dix ans cette année que l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) a créé cet événement pour inciter les Canadiens à gérer leurs finances personnelles judicieusement.

Chaque année, pendant ce mois, on peut voir, ici et là, des initiatives mises en place pour sensibiliser les Canadiens et les Québécois aux enjeux liés à la saine gestion de leurs finances personnelles. Mais force est de c

ANNICK KWETCHEU GAMO
Spécialiste en éducation financière à Code F.

onstater que ce mois n’est pas célébré (ni souligné) dans les milieux de travail.

Pourtant, selon l’Association canadienne de la paie (ACP), 84 % des travailleurs canadiens aimeraient participer à des programmes d’éducation financière en milieu de travail. En outre, tant l’Autorité des marchés financiers que l’ACFC incitent de plus en plus les entreprises à offrir de l’éducation financière en milieu de travail et à mettre en place des programmes de mieux-être financier pour leurs employés.

Parce qu’il s’agit de ça, au fond, contribuer au mieux-être financier des travailleurs. Mieux-être financier qui a été particulièrement mis à mal avec la COVID-19. Je ne peux m’empêcher de faire remarquer que, selon les dernières données de l’ACP, le stress financier se traduit par une perte de productivité de plus de 20 milliards de dollars par an pour les entreprises canadiennes.

Il existe plusieurs moyens de lutter contre le stress financier des employés. La bonification des programmes d’avantages sociaux et la mise en place de régimes de mieux-être financier en milieu de travail en font grandement partie. Moi, je suis de ceux et celles qui sont convaincus que la pierre angulaire de toute lutte contre le stress financier des employés est la littératie financière. Par littératie financière, j’entends le fait de disposer des connaissances, des compétences et de la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsables. Car, peu importe les programmes mis en place par les entreprises, si les employés n’ont pas les connaissances financières suffisantes, ils ne pourront pas tirer pleinement profit des avantages sociaux mis à leur disposition.

Un programme de littératie financière en milieu de travail peut prendre plusieurs formes : ateliers de groupe ou webinaires, bulletin d’éducation financière (en format numérique ou imprimé), service d’orientation personnalisé, etc. Mais avant toute chose, le point de départ devrait consister en une évaluation de l’ensemble des besoins. C’ est-à-dire :

  • Les besoins des employés : quels sont leurs défis ou préférences en matière de contenu et mode de livraison, par exemple ?
  • Les besoins de l’organisation : quel est l’environnement organisationnel, quels pourraient être les défis internes, quelles ressources sont disponibles pour un tel programme ?

Il existe de nombreuses ressources permettant aux employeurs d’éduquer leurs employés. Certaines gratuites (comme le programme de littératie financière de l’Ordre des CPA) et d’autres payantes. L’Agence de la consommation en matière financière du Canada et l’Autorité des marchés financiers offrent quant à elles des répertoires, des bases de données et des outils de littératie financière. En outre, on voit de plus en plus l’émergence de spécialistes en éducation financière qui offrent aussi leurs services en milieu de travail avec une approche plus personnalisée. Bref, les possibilités sont assez vastes pour les entreprises qui aimeraient mettre en place ce type de programme.

Alors, cher employeur, et si vous osiez la littératie financière en milieu de travail ?

Annick Kwetcheu Gamo est spécialiste en éducation financière à Code F.


• Ce texte a été publié dans l’édition de Novembre-décembre 2020 du magazine Avantages. Vous pouvez également consulter l’ensemble du numéro sur notre site Web.