Les deux dernières années ont été éprouvantes pour tout le monde, mais les ­PME ont été ébranlées de façon disproportionnée par les restrictions sanitaires et les dérèglements économiques qu’elles ont entraînés.

Submergées par l’endettement, le quart des ­PME canadiennes pourraient fermer définitivement leurs portes avant la fin de l’année, lançait en guise de cri d’alarme la ­Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) en janvier dernier.

Les entreprises de moins de 100 salariés emploient pourtant près de 70 % des travailleurs au pays, et elles contribuent à hauteur de 41 % au ­PIB canadien. Et c’est sans parler de la vitalité qu’elles apportent dans nos villes et nos quartiers.

C’est pourquoi tous les acteurs de la société doivent maintenant adopter le réflexe ­PME, se mobiliser pour leur venir en aide, des gouvernements aux consommateurs, en passant par l’industrie des avantages sociaux.

Le plus grand défi que devront relever les ­PME en cette période de reprise ­post-pandémique est le manque de ­main-d’œuvre. Toujours selon la ­FCEI, 45 % des dirigeants de ­PME québécoises affirment que si les pénuries de ­main-d’œuvre persistaient ou s’aggravaient, il leur serait impossible de survivre à moyen terme.

Or, s’il y a bien un domaine dans lequel l’industrie des avantages sociaux peut soutenir les ­PME, c’est l’attraction et la rétention de personnel.

Les résultats de nombreux sondages montrent hors de tout doute que les régimes d’avantages sociaux sont de puissants outils de recrutement et de satisfaction des employés. Selon une récente étude de RBC ­Assurances, 68 % des travailleurs canadiens aiment mieux accepter un emploi assorti d’un bon régime d’avantages sociaux qu’un emploi plus payant, mais dépourvu d’une telle protection.

Le problème, c’est que seulement 19 % des ­PME québécoises de moins de 50 employés ont un régime d’assurance collective en place, selon un rapport de ­LIMRA. Cela complique grandement le recrutement de personnel, car ces régimes ne sont plus perçus comme un bonus par les travailleurs, mais bien comme une condition de base qui doit être offerte pour qu’ils considèrent un poste.

Le contexte est donc extrêmement tendu pour les petites entreprises, qui ne peuvent rivaliser avec les grandes en matière de salaire et d’avantages sociaux.

On doit tout de même souligner certaines initiatives prises par l’industrie pour rendre l’assurance collective plus accessible aux petites entreprises, notamment des régimes davantage adaptés à leur réalité du point de vue des couvertures et de la tarification, des programmes de stabilisation des primes ou encore un accès simplifié et à moindre coût à des services de soins de santé virtuels ou de PAE. Les régimes groupés mis en place par différentes associations permettent aussi à de petites entreprises d’offrir un régime de base à des taux préférentiels. Le Conseil canadien du commerce de détail a d’ailleurs lancé un tel régime en début d’année.

Mais ces initiatives ne seront ­peut-être pas suffisantes pour pérenniser les régimes d’assurance collective dans les petites entreprises vu la hausse rapide des coûts des protections médicales offertes par les employeurs. ­Celle-ci a atteint 7 % en 2021, et elle se chiffrera également à 7 % en 2022, selon les données de ­Aon.

Pour ne pas assister à un effritement des avantages sociaux dans les petites entreprises, il faudra ­peut-être se pencher sur des changements à plus grande échelle.

Avec la croissance fulgurante des coûts relatifs aux médicaments, certaines modifications à la structure du système de mutualisation de la ­Société de compensation en assurance médicaments du Québec pourraient être salutaires. Le coût des primes liées à la mutualisation pour un certificat familial dans les groupes de moins de 25 employés a augmenté de 19 % en janvier 2021, et de 11,5 % en janvier 2022. Pour les petites entreprises, les frais de mutualisation peuvent représenter jusqu’à 13 % des primes totales, selon la ­Chambre de commerce du­ Montréal métropolitain. Y ­aurait-il moyen de soulager un peu ces employeurs en allégeant leur prime ?

Et pourquoi ­Québec n’­envisagerait-il pas la possibilité d’autoriser les petites entreprises, disons de 50 employés et moins, à proposer certaines couvertures d’assurance à leurs employés sans les obliger à offrir l’assurance médicaments, la composante la plus coûteuse et la plus risquée ? Cela augmenterait certes la pression sur le régime public de la ­RAMQ, mais permettrait potentiellement à des dizaines de milliers d’employés de petites entreprises de bénéficier d’une protection d’assurance invalidité.

En allant encore plus loin, le gouvernement pourrait même accorder des allègements fiscaux aux ­PME qui offrent un régime d’assurance collective. Cela pourrait par exemple prendre la forme d’une réduction du taux de cotisation au Fonds des services de santé. Après tout, en encourageant les entreprises à protéger la santé de leurs employés, on protège du même coup le réseau public de santé que ce fonds sert à financer, non ?


• Ce texte a été publié dans l’édition de mars 2022 du magazine Avantages.
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