Trois grandes caisses de retraite de trois continents différents ont uni leur voix pour implorer les investisseurs et les entreprises à s’éloigner de la recherche de profit à court-terme, qui menace selon eux la stabilité des marchés financiers.

Dans une déclaration commune publiée la semaine dernière, le régime national de pension du Japon (1,6 billions de dollars américains), le California State Teachers’ Retirement System (238 G$ US) et le Universities Superannuation Scheme, au Royaume-Uni (87 G$ US), ont soutenu que le court-termisme expose leurs portefeuilles à des « risques systémiques potentiellement catastrophiques ».

La mise en garde est d’autant plus pertinente dans le contexte actuel de fortes perturbations sur les marchés financiers, ajoutent les trois caisses de retraite. Dans leur lettre, ils citent notamment des prévisions de l’agence Moody’s qui indiquent que les changements climatiques pourraient à eux seuls effacer environ 69 billions de dollars américains de richesse à l’échelle mondiale au cours des 80 prochaines années, peut-on lire dans le Financial Times.

Les trois investisseurs institutionnels écrivent que « les entreprises qui cherchent à maximiser leurs revenus sans tenir compte de leur impact sur les autres parties prenantes, y compris l’environnement, les travailleurs et les communautés, mettent leur croissance à long terme en danger et ne constituent pas des cibles d’investissement attrayantes ».

Plus encore, la lettre soutient que les gestionnaires d’actif qui se concentrent uniquement sur des indicateurs financiers à court-terme « ne sont pas des partenaires intéressants ».

Il s’agit de la seconde déclaration choc du régime national de pension du Japon en l’espace de quelques mois. En décembre, la caisse de retraite avait annoncé que les titres de son portefeuille d’actions internationales ne seraient plus prêtés aux investisseurs souhaitant exécuter des ventes à découvert.

Pour le chef des investissements du California State Teachers’ Retirement System, Chris Ailman, la déclaration commune est une tentative pour engager dans le débat les grands détenteurs d’actifs, qui sont généralement très discrets concernant ces enjeux. « Nous estimons qu’il est important de faire entendre la voix des régimes de retraite, dit-il. Ceux-ci prennent de plus en plus leur place en Europe, en Australie et au Japon, mais ils demeurent malheureusement silencieux aux États-Unis. »