L’appétence des régimes de retraite pour le risque s’accentue, malgré le contexte financier incertain

Les régimes de retraite du secteur public américain sont tenaillés entre la faiblesse des rendements et leurs obligations envers les futurs retraités.

Pour parvenir à résoudre cette équation, ils sont de plus en plus nombreux à hausser leur niveau de risque. Cette tendance s’illustre notamment dans l’utilisation croissante de l’effet de levier, qui consiste à investir des montants d’argent empruntés. 

Plus de 100 employeurs publics ont ainsi emprunté pour leur caisse de retraite au cours de l’année écoulée, selon des données de Bloomberg citées par le Wall Street Journal. C’est deux fois plus que l’année précédente. Au total, ces municipalités, comtés ou états ont emprunté 13 milliards de dollars US sous forme d’obligations. C’est cinq fois plus que l’ensemble des emprunts des cinq années précédentes.

Cette tendance illustre la fièvre pour l’emprunt, et surtout pour l’utilisation de l’effet de levier. Même certains des plus grands fonds de pension adoptent cette pratique, qu’ils ignoraient jusque là.

L’effet de levier peut permettre d’augmenter les rendements quand les marchés sont bien orientés, mais ils peuvent aussi accroître les pertes dans la situation inverse.

En plus de l’effet de levier, depuis vingt ans, des régimes de retraite ont adopté d’autres pratiques, comme la diminution de leurs actifs en obligations gouvernementales et corporatives, en raison de la faiblesse de leurs rendements. Ils se sont également tournés de plus en plus vers le marché privé et les investissements alternatifs.

Cette tendance globale à ajouter de plus en plus de risque interroge sur la capacité de ces régimes de retraite à honorer leurs obligations envers leurs participants. Ils semblent vouloir privilégier le rendement à la sécurité, ce qui se comprend en regardant l’évolution des marchés depuis 12 ans… mais ce qui inquiète en voyant la zone de turbulences dans laquelle les marchés financiers sont entrés en 2022.