Le choc économique causé par la COVID-19 a forcé les investisseurs à se poser de sérieuses questions sur la pérennité de certains de leurs actifs, particulièrement dans le secteur des énergies fossiles.

La notion d’actifs échoués (stranded assets) fait déjà partie des préoccupations de nombreux investisseurs institutionnels depuis quelques années, mais force est de constater que la crise actuelle a accéléré leur réflexion autour de ces actifs qui pourraient éventuellement être soumis à des dépréciations et subir des pertes d’exploitation, des réserves de pétrole par exemple.

Au cours des dernières semaines, Wall Street a ainsi renoncé à investir dans certains actifs liés aux combustibles fossiles, dont l’avenir semble fortement compromis dans le contexte actuel, rapporte Bloomberg. L’effondrement des prix, jumelé à une raréfaction des espaces pouvant permettre d’entreposer les stocks invendus, a par exemple poussé Morgan Stanley à abandonner tout financement pour l’exploitation pétrolière dans l’Arctique. Plusieurs grandes banques américaines avaient déjà exclu d’investir dans ces projets extrêmement coûteux, dont Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan et Wells Fargo.

« Si les prix restent à leur niveau actuel, les projets pétroliers à coûts élevés deviendront des « actifs zombies » dont l’exploitation ne procurera aucun rendement financier », prévient Kingsmill Bond, analyste en transition énergétique à la Carbon Tracker Initiative.

Les investisseurs commencent d’ailleurs à faire pression sur les sociétés des secteurs énergétique et des services publiques pour qu’elles abandonnent certains de leurs actifs jugés risqués. Les propositions d’actionnaires réclamant une meilleure divulgation des risques se sont également multipliées.

« La question que chaque entreprise devra se poser à l’issue de la crise sera de savoir quelles sont les autres menaces qui pèsent sur leurs activités, et comment elles doivent s’y préparer. Il n’y a pas de meilleur moment pour les entreprises de remettre en question leurs actifs actuels », explique John Morton, associé chez Pollination, une firme de consultation en investissement responsable.