Les investissements des caisses de retraite dans le secteur immobilier contribuent à empêcher les travailleurs de se loger.

Les caisses de retraite sont au coeur de la crise du logement, considère Carolyn Whitzman, professeure invitée à l’université d’Ottawa et chercheuse dans le domaine de l’immobilier.

Dans un billet publié dans The Globe and Mail, Carolyn Whitzman constate les difficultés rencontrées par de nombreux travailleurs pour faire face aux coûts du logement. Face à ces difficultés, elle souligne l’attrait paradoxal des caisses de retraite pour les placements dans l’immobilier.

Attirés par les rendements offerts par les actifs immobiliers, les caisses de retraite canadiennes ont pourtant d’autres mandats que la seule obtention de bonnes performances financières. 

« Les investisseurs institutionnels ont l’obligation fiduciaire d’agir dans le meilleur intérêt de leurs bénéficiaires, qui apportent leur épargne et attendent en retour la sécurité de leur retraite. L’immobilier résidentiel est considéré comme faisant partie intégrante d’un portefeuille diversifié et sain. Pourtant, ces investissements sont souvent cités comme un facteur contribuant à une crise du logement susceptible d’affecter la vie des bénéficiaires de retraites actuels et futurs », explique Carolyn Whitzman.

Investissements PSP, qui gère les retraites des fonctionnaires fédéraux, est impliquée dans des milliers d’expulsions et des hausses de loyer hâtives dans des quartiers de Toronto, à titre de copropriétaire de 21 000 logements locatifs.

Or, les caisses de retraite devraient s’assurer que leurs investissements contribuent à la sécurité de leurs bénéficiaires, tant pendant leur vie professionnelle que pendant leur retraite, souligne la chercheuse.

En investissant dans des projets immobiliers à forts rendements, les caisses de retraite financent des logements destinés aux résidents à revenu élevé. Ces logements ne sont pas accessibles aux travailleurs à revenu modeste… alors que ce sont leurs actifs qui financent ces projets, rendant plus difficiles leurs possibilités de se loger.

Carolyn Whitzman encourage les travailleurs et leurs syndicats affaire pression pour obtenir une évolution, notamment en incitant les caisses de retraite à financer le logement abordable.