Un grand nombre d’investisseurs institutionnels ont davantage mis l’accent sur l’intégration des critères ESG à la suite de la pandémie, révèle un sondage de RBC Gestion mondiale d’actifs.

Les résultats montrent ainsi que 29 % des quelque 805 investisseurs institutionnels sondés ont accéléré leur virage vers les placements ESG depuis le début de la pandémie. La quasi-totalité des répondants de ce groupe (97 %) estiment que les portefeuilles qui intègrent les critères ESG sont susceptibles de produire des rendements aussi élevés, voire meilleurs que les portefeuilles traditionnels. Même parmi l’ensemble des répondants, cette conviction demeure très élevée (83 %).

Certaines divergences d’opinions subsistent néanmoins entre les adeptes des placements ESG et ceux qui sont moins convaincus de leurs vertus. Par exemple, 80 % des investisseurs qui ont renforcé leur engagement à l’égard des critères ESG au cours des derniers mois croient que leur intégration contribue à générer un alpha durable à long terme, contre seulement 51 % pour l’ensemble des répondants.

Une tendance similaire s’observe, alors que 88 % des « convaincus » estiment que l’intégration ESG aide à atténuer le risque, contre 61 % chez l’ensemble des répondants.

Les investisseurs institutionnels qui ont renforcé leur stratégie ESG récemment ont aussi indiqué dans une proportion de 70 % que les cibles favorisant la diversité des genres au sein des conseils d’administration devraient être adoptées, comparativement à 47 % pour l’ensemble des répondants. 

Fossé géographique

Alors que le nombre d’investisseurs qui intègrent les critères ESG semble avoir plafonné au cours des dernières années, l’Europe demeure dans ce domaine largement en avance sur l’Amérique du Nord. Ainsi, pas moins de 96 % des investisseurs institutionnels européens intègrent les critères ESG dans leurs stratégies de placement, alors qu’à peine 64 % de leurs homologues américains en font de même. Les investisseurs canadiens se situent entre les deux, avec un taux d’adoption de 81 %. Il s’agit d’une baisse par rapport aux 89 % du sondage de l’an dernier.

En Europe, 80 % des investisseurs institutionnels déclarent intégrer les risques climatiques à leur politique de placement, contre seulement 31 % au Canada et 20 % aux États-Unis. Cet écart pourrait être attribué au contexte réglementaire européen, puisque 45 % des investisseurs européens ont déclaré que la réglementation gouvernementale est l’une des principales raisons d’intégrer les critères ESG dans leurs portefeuilles de placement, comparativement à seulement 12 % des répondants à l’échelle mondiale.

« Au cours d’une année où les risques ESG, comme la COVID-19, les cyberinfractions de grande envergure et les phénomènes météorologiques extrêmes ont dominé les manchettes, il sera intéressant de voir comment les points de vue continueront d’évoluer au sujet des critères ESG », comment Melanie Adams, vice-présidente et chef, gouvernance et investissement responsable à RBC Gestion mondiale d’actifs.

Le désinvestissement encore marginal

Même si de plus en plus de grands investisseurs institutionnels annoncent leur intention de retirer leurs investissements dans le secteur des énergies fossiles, la majorité d’entre eux (45 %) considèrent que l’engagement est plus efficace que le désinvestissement (10 %). Au cours des trois dernières années, le désinvestissement n’a enregistré aucun gain de popularité auprès des investisseurs institutionnels, ce qui indique clairement qu’ils préfèrent engager un dialogue avec les sociétés.

En matière d’enjeux ESG les plus préoccupants, les répondants ont classé la lutte anticorruption au premier rang à l’échelle mondiale, suivi de la cybersécurité en deuxième position et des changements climatiques en troisième position.