La crise de la COVID-19 pourrait bien avoir pour effet d’accélérer la transition vers l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans les décisions de placements des investisseurs institutionnels, selon Millani.

Dans un rapport publié mardi, la firme montréalaise spécialisée en services-conseils d’intégration ESG soutient que « la pandémie de COVID-19 a vraisemblablement porté l’attention des investisseurs institutionnels vers les enjeux sociaux ». Alors que la gouvernance et l’environnement – correspondant au « G » et au « E » de « ESG » – occupaient une place prédominante avant la pandémie, ce sont les aspects sociaux des entreprises – le « S » –  qui captent désormais l’attention des investisseurs.

Ces facteurs sociaux sont déjà évalués plus attentivement et intégrés dans les modèles financiers, ce qui affectera à la fois le coût du capital et l’accès à celui-ci pour les émetteurs privés, souligne le rapport.

La plupart (65 %) des 23 investisseurs institutionnels canadiens sondés par Millani s’attendent à ce que les entreprises améliorent leur divulgation ESG, afin de leur permettre de continuer à prendre des décisions éclairées dans les prochains mois. Les investisseurs prévoient également d’accéder à une transparence totale et à des mesures quantitatives ESG qui soient à la fois précises, fiables et exhaustives, tout en étant harmonisées à des normes et à des cadres reconnus.

Bon nombre d’investisseurs (78 %) ont maintenu ou augmenté leurs dialogues avec les entreprises depuis le début de la pandémie. Dans ce contexte, celles qui sont dotées des meilleures divulgations ESG se démarqueront de leurs pairs, affirme le rapport.

S’adapter à vitesse grand V

Les investisseurs recherchent également des entreprises qui ont ajusté leur modèle d’affaires et favorisé l’innovation au sein de leur gamme de produits, en réaction à l’évolution rapide des marchés. Le rôle des conseils d’administration sera sans doute redéfini, estime Millani, puisque cette crise a mis en évidence la force des pratiques de gouvernance qui influent sur la résilience, la continuité, la planification de scénarios et la gestion des risques de l’entreprise.

« L’interdépendance entre le rendement d’une entreprise et l’adoption d’un bon comportement à l’égard de ses employés, ses clients et ses fournisseurs ne fait plus aucun doute aux yeux des investisseurs, souligne Milla Craig, présidente et fondatrice de Millani. Comme 74 % des investisseurs estiment que l’intérêt marqué pour les facteurs ESG se poursuivra, nous croyons que l’ensemble de la communauté financière y accordera encore plus d’attention et de ressources à l’avenir. Les conseils d’administration et les chefs d’entreprise verront leur travail examiné de plus près non seulement en ce qui a trait à la gestion de la crise, mais aussi, de façon plus générale en ce qui concerne l’intégration des facteurs ESG dans leur stratégie d’affaires ».

Millani estime que la pression s’accentuera sur les investisseurs qui ont tardé à emboîté le pas de l’investissement responsable, et que les sociétés qui divulgueront de façon détaillées leurs données ESG se démarqueront au cours des prochaines années.