Les caisses de retraite privées du Japon ont investi des sommes records dans les actifs non liquides ces dernières années. Un virage majeur pour des investisseurs qui ne sont pas reconnus pour leur audace, bien au contraire.

Les régimes de retraite japonais allouaient 21,3 % de leurs portefeuilles aux actifs alternatifs en mars dernier, alors que cette proportion atteignait seulement 12,8 % cinq ans plus tôt, selon un rapport de JPMorgan Asset Management.

Pour faire de la place à des catégories d’actif comme les placements privés, l’immobilier et l’infrastructure, les caisses de retraite ont largement réduit leur exposition au revenu fixe, si bien que leur répartition en obligations japonaises est aujourd’hui inférieure à leur répartition en actifs non traditionnels, rapporte le Financial Times. Parmi les 116 caisses de retraite sondées par JPMorgan, les obligations japonaises ne constituent plus que 18,3 % des portefeuilles en moyenne.

La fin justifie les moyens

Ces données ont de quoi surprendre, alors que les régimes de retraite japonais comptaient traditionnellement parmi les investisseurs les plus conservateurs de la planète. Au début des années 1980, pas moins de 60 % de leur actif était constitué d’obligations domestiques.

Mais tout comme leurs homologues occidentaux, les administrateurs de caisses de retraite au Japon doivent composer avec des taux d’intérêt au plancher et de faibles perspectives de rendement pour les actifs traditionnels. Ils n’ont d’autres choix que de se montrer un peu plus agressif pour générer du rendement. D’ailleurs, 40 % des administrateurs de caisses de retraite au Japon envisagent de continuer d’augmenter leur répartition dans les catégories alternatives.

« Les régimes de retraite à prestations déterminées augmentent graduellement leur exposition aux actifs illiquides comme l’immobilier et l’infrastructure pour obtenir des rendements stables et réduire l’impact d’une éventuelle chute des marchés », explique Akira Kunikyo, spécialiste en investissement à JPMorgan AM’s Japan institutional business.

Il faut dire que les bas taux d’intérêt, les caisses de retraite japonaises y ont goûté. Depuis 2001, la banque centrale du Japon a dépensé des centaines de milliards de dollars pour acheter des obligations et des actions dans une tentative pour relancer l’économie grâce à une vaste stratégie d’assouplissement quantitatif. Résultat, le rendement des obligations japonaise à échéance de 10 ans se trouve en territoire négatif depuis 2016, se situant actuellement à -0,13 %.