Le marché de l’investissement responsable commence à se stabiliser chez les investisseurs institutionnels, un signe de maturité selon RBC Gestion mondiale d’actifs. En revanche, l’inclusion des critères ESG demeure plus populaire que les stratégies d’exclusion.

Un sondage réalisée par la firme montre que 70 % des investisseurs institutionnels au Canada, aux États-Unis et au Royaume-Uni utilisent les critères ESG dans leur processus de gestion d’actif et de prise de décision, une proportion semblable à celle de l’année dernière. L’adoption de stratégies de placement fondées sur les critères ESG a crû rapidement pendant deux années consécutives, puis a ralenti en 2019.

« Ces nouvelles données confirment que, bien que l’on assiste peut-être à un ralentissement de la tendance pluriannuelle de croissance rapide de l’adoption des critères ESG par les investisseurs institutionnels, ces derniers continuent dans une grande majorité à utiliser ces critères », explique Melanie Adams, vice-présidente et chef, Gouvernance et investissement responsable à RBC Gestion mondiale d’actifs.

L’atténuation du risque et la hausse du rendement constituent désormais la principale raison pour laquelle les investisseurs institutionnels adoptent cette approche. En effet, elle a été invoquée par 53 % des répondants.

Le pourcentage des répondants qui utilisent « beaucoup » les critères ESG – par opposition à ceux qui les utilisent « un peu » – a connu une légère hausse aux États-Unis (environ 3 % par rapport à 2018), une hausse un peu plus importante au Canada (plus de 5 %) et un véritable bond au Royaume-Uni (20 %). Ainsi, 80 % des investisseurs institutionnels canadiens indiquent considérer « un peu » ou « beaucoup » les critères ESG, par rapport à 97 % au Royaume-Uni et seulement 65 % aux États-Unis.

Dans l’ensemble, les répondants qui utilisent beaucoup les critères ESG sont plus convaincus que ceux qui les utilisent un peu de la valeur concrète d’une approche fondée sur ces critères.

L’exclusion n’est plus à la mode

Les quelque 799 propriétaires d’actifs institutionnels, experts-conseils en placement et spécialistes des placements sondés aux États-Unis, au Canada en Europe et en Asie préfèrent majoritairement l’engagement au désinvestissement en matière d’investissement responsable. En effet, 39 % des répondants jugent que l’engagement est plus efficace, alors que seulement 10 % pensent au contraire que le désinvestissement donne davantage de résultats.

Les trois quarts des répondants ont d’ailleurs indiqué qu’ils n’appliquaient pas des filtres pour leurs portefeuilles d’investissement socialement responsable. Or, on assiste cette année à de nouvelles tendances du côté des investisseurs qui effectuent un tri négatif. Comme c’était le cas en 2018, les sociétés associées aux munitions en grappe et aux mines terrestres restent les plus exclues, mais ce tri fait l’objet d’une diminution de 10 % cette année.

En 2019, on a par contre vu croître le pourcentage des investisseurs institutionnels qui excluent les sociétés liées aux jeux de hasard (37 %, une hausse de 5 %) et à l’énergie nucléaire (27 %, une hausse de 6 %). L’application de filtres aux combustibles fossiles a légèrement augmenté en 2019 à l’échelle mondiale, mais la situation diffère d’une région à l’autre : l’utilisation de tels filtres a gagné plus de 10 % au Canada (pour passer à 33 % des répondants), mais a diminué de 15 % aux États-Unis (pour passer à 44 %).

La question des rendements inquiète toujours

Le sondage met également en lumière les craintes de certains investisseurs en matière de rendement. Par exemple, le pourcentage de répondants qui estiment qu’un portefeuille fondé sur les critères ESG obtiendra un rendement pire qu’un portefeuille non fondé sur ces critères est passé de 10 % en 2018 à 18 % en 2019. De plus, 24 % des répondants étaient incertains de la capacité des critères ESG à atténuer le risque, contre 18 % l’année dernière.

Cependant, les répondants qui utilisent « beaucoup » les critères ESG sont demeurés fermement convaincus de leur valeur en 2019. En effet, 98 % d’entre eux ont indiqué qu’un portefeuille fondé sur les critères ESG obtiendrait un rendement égal ou supérieur à celui d’un portefeuille non fondé sur ces critères.

Finalement, malgré une tendance mondiale de plus en plus marquée en faveur de la gestion indicielle, 61 % des portefeuilles institutionnels fondés sur les critères ESG sont en gestion active.