Les énergies fossiles n’obtiennent définitivement plus la faveur des investisseurs institutionnels : c’est au tour du plus grand régime de retraite du Royaume-Uni d’annoncer qu’il se retirera graduellement du secteur.

Le National Employment Savings Trust (Nest), qui compte plus de neuf millions de participants, entend cesser ses investissements dans les entreprises impliquées dans l’exploitation du charbon, des sables bitumineux ainsi que dans les forages en Arctique.

La caisse de retraite compte également transférer 5,5 milliards de livres (environ 9,5 G$ CAN) dans des placements « respectueux du climat », car elle anticipe une reprise économique plus verte suite à la crise de la COVID-19.

Cette décision de Nest risque toutefois de créer un conflit avec le ministre de la Retraite du Royaume-Uni, Guy Opperman, qui a qualifié au début du mois les stratégies de désinvestissement de « contre-productives », rapporte The Guardian.

Le régime de retraite réduira également son exposition aux sociétés à forte intensité de carbone comme les entreprises pétrolières traditionnelles, et compte investir davantage dans les infrastructures d’énergie renouvelable.

« Tout comme le coronavirus, les changements climatiques posent de sérieux risques à la fois pour nos épargnants et pour leurs investissements, affirme Mark Fawcett, le directeur des investissements de Nest. Ils ont le potentiel de causer des dommages catastrophiques et de perturber complètement notre mode de vie. Personne ne veut épargner toute sa vie pour prendre sa retraite dans un monde dévasté par les changements climatiques. »

Pas un désinvestissement total

Nest hésite toutefois à définir sa nouvelle politique comme un programme de déinvestissement total. Elle indique demeurer intéressée par les sociétés pétrolières qui ont amorcé une transition vers les énergies renouvelables, et prévoit faire pression sur ces entreprises pour qu’elles se fixent des objectifs précis en matière de décarbonisation.

Un sondage réalisé auprès des participants de Nest révèle que 65 % d’entre eux estiment que leur épargne-retraite devrait être investie de manière à réduire l’impact des changements climatiques. Seulement 4 % se sont dits en désaccord avec ce principe.

Les militants environnementalistes ont salué la décision de l’investisseur institutionnel, et espère qu’elle poussera d’autres caisses de retraite à s’engager dans la même voie.

Le National Employment Savings Trust est la plus grande caisse de retraite du Royaume-Uni en termes de membres, mais elle n’a été créée qu’en 2008, et gère donc un actif relativement modeste de 12,2 milliards de livres (21 G$ CAN). Elle devrait toutefois devenir un joueur majeur dans les prochaines années, alors que les cotisations de millions de travailleurs sont désormais acheminées vers elle.