La Caisse de dépôt et placement du Québec poursuit son virage vers le marché privé pour générer des rendements supérieurs et diversifier ses sources de revenu, révèle les derniers résultats de placement de l’institution.

Tout comme un grand un nombre de caisses de retraite à l’échelle mondiale, la Caisse cherche à augmenter son exposition aux titres de dette privée. L’institution n’isole cependant pas ce type d’actif dans un portefeuille spécifique. Il est plutôt inclus dans le portefeuille Crédit, qui regroupe également les obligations de sociétés publiques et les titres souverains des marchés en croissance.

Ce portefeuille a généré un rendement de 10,9 % en 2019, un résultat supérieur de 1,6 point de pourcentage au portefeuille de référence de la Caisse pour cette catégorie d’actif. À titre comparatif, la catégorie revenu fixe dans son ensemble, qui contient quatre autres portefeuilles, a enregistré un rendement global de 8,9 % l’année dernière.

Le portefeuille Crédit, qui inclut aussi du crédit immobilier et du financement spécialisé (financement de projet) avait une valeur de 66,4 G$ au 31 décembre 2019, en croissance de 6,2 G$ par rapport à l’année précédente. Il s’agit de loin du plus imposant des cinq portefeuilles de revenu fixe de l’institution. Depuis sa création en 2017, il a généré des résultats de placement de 9,6 G$ et une valeur ajoutée de 2,5 G$ par rapport à l’indice.

La Caisse explique ces bons résultats par « la qualité des actifs en portefeuille », ainsi que par « la baisse des taux et par le rétrécissement des écarts de crédit à travers les différents marchés ». Le crédit aux entreprises a tiré profit de son exposition aux titres à rendement élevé (high yield) et d’une « répartition favorable » dans les tires dits de qualité (investment grade).

Du côté de la dette privée plus spécifiquement, les trois plus grandes transactions de la Caisse en 2019 ont été un financement de 300 M$ à la Coop fédérée aux côtés de trois autres investisseurs institutionnels québécois, un prêt d’environ 257 M$ (150 millions de livres) à l’entreprise Lightsource BP, spécialisé dans l’énergie solaire, ainsi qu’un investissement de 75 M$ pouvant atteindre 100 M$ sous forme de crédit privé subordonné dans Medavie Inc.

Les titres très sensibles aux variations de taux d’intérêt, comme les obligations du gouvernement du Canada, des provinces et d’autres pays développés sont détenus dans un autre portefeuille de titres à revenu fixe, plus traditionnel celui-là, nommé Taux. Ce dernier a généré un rendement beaucoup plus faible que le portefeuille Crédit (4,8 %) et constitue avant tout une source de liquidité. Son actif net s’élevait à 31,2 G$ au 31 décembre dernier.

Les placements privés s’imposent face aux titres boursiers

Les rendements boursiers exceptionnels enregistrés par la Caisse en 2019 (17,2 %) ont quelque peu éclipsé la performance de son portefeuille de placements privés (10,5 %). Toutefois, sur un horizon de cinq ans, les placements privés ont largement battu les actions cotées en bourse (12,5 % contre 10,0 %, annualisés).

L’environnement de taux d’emprunt faibles et la vitalité des principales économies mondiales, combinés à la demande vive pour cette catégorie d’actif, ont stimulé la valorisation des entreprises, en forte hausse par rapport au niveau d’il y a cinq ans, note la Caisse. Le capital disponible à l’investissement a franchi un nouveau sommet, ayant presque doublé depuis 2015, et reste concentré en Amérique du Nord et en Europe.

Avec ses 50,2 G$ d’actif net, le portefeuille de placements privés représentent aujourd’hui près du tiers du portefeuille global d’actions de l’institution. Au cours de l’année 2019 seulement, la Caisse a déployé 10,5 G$ dans cette catégorie d’actif, notamment dans les sociétés Hilco Global, Allied Universal, Healthscope et Cirque du Soleil.

Au cours des dernières années, la composition du portefeuille de placements privés a évolué, alors que la part des fonds a diminué au profit des participations directes dans les entreprises, qui comptent aujourd’hui pour plus des trois quarts des activités.

Pour l’ensemble de son actif sous gestion, la Caisse a enregistré un rendement de 10,4 % en 2019. C’est donc dire que les portefeuilles de placements privés (10,5 %) et de crédit, qui inclut la dette privée, (10,9 %) ont tous deux fait mieux que le résultat global.

Le RRQ fait légèrement mieux

En marge du dévoilement des résultats financiers de la Caisse, Retraite Québec a annoncé que le régime de base du RRQ avait généré un rendement de 10,8 %, tandis que le régime supplémentaire, qui en était à sa première année d’existence, a crû de 11 %. Les fonds du régimes de base et du régime supplémentaire sont investis séparément selon leurs propres politiques de placement.

Retraite Québec, l’un des plus grands déposants de la Caisse, a donc fait légèrement mieux que le portefeuille global de l’investisseur institutionnel (10,4 %). Au cours des cinq dernières années, le rendement annualisé du régime de base a atteint 8,9 %. Au 31 décembre dernier, son actif atteignait 80,7 G$, comparativement à 0,4 G$ pour le régime supplémentaire nouvellement créé.

Selon la dernière évaluation actuarielle du RRQ, au 31 décembre 2018, le rendement annualisé attendu au cours des 50 prochaines années est de 6,2 % pour le régime de base et de 5,8 % pour le régime supplémentaire.