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Les entreprises du Canada et du monde entier trouvent difficile d’attirer les employés de talent et aux compétences clés qui leur sont nécessaires pour amorcer une remontée et prospérer, par suite de la crise économique. Cependant, la sévérité de la difficulté à attirer ces employés varie grandement d’un pays à l’autre, au même titre que la reprise économique qui ne suit pas la même courbe dans les diverses régions, selon un sondage récent mené par la société Towers Watson et WorldatWork, une association internationale de professionnels des ressources humaines.

Selon le sondage sur la gestion des talents et de la rémunération globale 2010 de Towers Watson, auquel ont répondu 1 176 organisations partout au monde, dont 155 au Canada, une majorité des participants au sondage ont reconnu que leurs mesures de réduction des coûts pendant la récession et la crise financière ont eu une incidence négative sur la charge de travail des employés, leur capacité à gérer le stress lié au travail et leur engagement. Les entreprises commencent donc à réévaluer leurs programmes de gestion des talents et de la rémunération globale, ainsi que leur manière d’attirer, de fidéliser et de motiver leurs employés.

Selon le sondage, près des deux-tiers (65 %) des entreprises à l’échelle mondiale et 61 % des entreprises au Canada ont indiqué des problèmes à attirer des employés aux compétences clés. Six entreprises sur dix (61 %) dans le monde et 57 % des entreprises au Canada ont mentionné des difficultés semblables à attirer des employés de talent et au rendement exceptionnel. Chose intéressante, les entreprises de la plupart des régions indiquent avoir moins de difficulté à fidéliser les employés qu’à les attirer. Seulement 21 % des entreprises partout au monde ont de la difficulté à garder leur main-d’œuvre alors qu’à peine 12 % des entreprises au Canada ont mentionné avoir de la difficulté à conserver leurs employés.

« Bien que l’économie canadienne ait été plus vigoureuse que celle d’autres pays couverts par le sondage, le climat des affaires a quand même une incidence très nette sur l’offre et la demande d’employés de talent et sur la capacité des entreprises à attirer et à embaucher des employés de talent », a expliqué Michel Tougas, directeur-conseil de Towers Watson au bureau de Montréal.

Les employés de talent ne courent pas les rues mais ils mentionnent que, si des possibilités de progression de carrière existent, ils préfèreraient rester auprès de leur employeur actuel. Plusieurs entreprises devront donc trouver des moyens nouveaux et novateurs pour attirer et développer les talents et le leadership pour l’avenir.

Incidence de la réduction des coûts sur les employés
La crise économique a forcé plusieurs entreprises à l’échelle mondiale à mettre en place des mesures de gestion ou de réduction des coûts, comme les gels des salaires ou des embauches, les mises à pied ou les réductions de primes. Ces mesures de réduction des coûts ont eu une incidence négative sur les travailleurs. Deux tiers des employeurs au Canada (66 %) croient que leurs mesures de réduction des coûts ont augmenté la charge de travail des employés alors que 57 % croient qu’elles ont eu un effet négatif sur leur capacité à gérer le stress lié au travail.

Les employeurs au Canada ont aussi mentionné que ces mesures ont eu une incidence négative sur l’engagement des employés (56 %) et sur la capacité des employés à trouver un équilibre travail-vie personnelle (50 %).

« Les employeurs doivent revoir leur proposition de valeur aux employés afin de se concentrer sur des facteurs clés comme l’équilibre travail-vie personnelle et la progression de carrière qui sont prisés autant par leurs employés actuels que par les candidats », précise Lucille Raikes, conseillère principale en gestion des talents et en rémunération globale chez Towers Watson à Montréal.

La gestion des talents : une priorité
Selon le sondage, les entreprises prévoient qu’au cours des trois prochaines années, leurs principales priorités en matière de gestion des talents devraient toucher le leadership, la planification de la relève et la progression de carrière.

Quand on leur demande quelle est leur principale priorité en gestion des talents, 63 % des entreprises au Canada ont répondu qu’elles voulaient investir davantage dans le développement de la réserve d’employés de talent à l’interne alors que 62 % ont répondu qu’elles voulaient s’assurer que les employés de talent sont prêts à occuper des postes clés. La moitié (50 %) ont établi comme priorité de créer plus d’occasions de mouvement, de rotation et de perfectionnement pour les employés de talent ainsi que de développer une nouvelle génération de chefs dotés d’un nouvel ensemble de compétences et d’aptitudes.

Au Canada, on continue de porter beaucoup d’attention au développement du leadership, selon monsieur Tougas. « Par suite de la crise financière, une nouvelle ère émerge en matière de réglementation et d’économie et les participants au sondage mentionnent que la vision stratégique, le leadership du changement, l’intégrité et l’éthique sont les attributs clés du succès de la prochaine génération de gestionnaires et d’entreprises », termine-t-il.