Les travailleurs canadiens ont beau épargner une part bien plus importante de leur salaire depuis le début de la pandémie, ils sont tout de même davantage stressés d’un point de vue financier, révèle un sondage de l’Association canadienne de la paie (ACP).

Que ce soit par contrainte ou par peur, le fait de ne pas avoir à se rendre au travail, à s’acheter de quoi manger le midi ou à acquitter des frais de garderie a permis à 62 % des travailleurs canadiens d’épargner plus de 5 % de leur paie, alors qu’ils n’étaient que 59 % à le faire en 2019.

La proportion de ceux qui affirment vivre dans la précarité de paie en paie a par ailleurs régressé de 6 % par rapport à 2019, atteignant un plancher depuis la première édition du sondage il y a 12 ans.

Normalement, ces nouvelles habitudes d’épargne auraient dû contribuer au bien-être financier des Canadiens. Hors, c’est le contraire qui s’est produit. Le sondage de 2020 montre en effet que 43 % des travailleurs canadiens sont financièrement stressés, tandis que seuls 22 % se sentent à l’aise. De 2009 à 2019, chacun de ces groupes comptait environ un tiers des travailleurs canadiens.

« Il est difficile de déterminer à quel point la pandémie de COVID-19 a contribué à l’augmentation statistiquement significative du nombre de travailleurs financièrement stressés, précise le président de l’Association canadienne de la paie, Peter Tzanetakis. Pendant plus d’une décennie, le bien-être financier des travailleurs canadiens était directement lié à des facteurs fondamentaux, stables et à long terme. Si la pandémie a forcé beaucoup d’entre eux à ne plus vivre au-dessus de leurs moyens et à épargner davantage, elle a en même temps engendré une énorme incertitude concernant l’évolution future de l’économie. »

Craintes pour l’avenir économique

Aujourd’hui, 62 % des travailleurs canadiens jusqu’alors considérés comme financièrement à l’aise sont troublés par les perspectives inflationnistes, alors que moins de la moitié d’entre eux, soit 47 %, l’étaient en 2019.

Par ailleurs, 52 % des travailleurs financièrement stressés s’interrogent sur leur capacité à prendre leur retraite, contre seulement 45 % l’an dernier. Et, sans surprise, l’ensemble des travailleurs canadiens craignent davantage qu’avant une récession. Le pourcentage de travailleurs canadiens inquiets s’est accru de 28 % chez ceux qui sont financièrement à l’aise ou se débrouillent, grimpant à 63 % chez les premiers et à 73 % chez les seconds. Ce même pourcentage est passé de 47 à 66 % chez les travailleurs financièrement stressés.

Le stress financier n’est pas sans conséquence sur la vie professionnelle et personnelle des travailleurs. Près de 69 % des répondants au sondage ont avoué réfléchir à des questions financières personnelles quand ils sont au travail. Pour les entreprises partout au Canada, cela se traduit par une perte de productivité estimée à 20,3 milliards de dollars, soutient l’ACP. Sur le plan personnel, un tiers des répondants ont déclaré que le stress financier a eu des retombées négatives sur les relations qu’ils entretiennent avec leurs proches, membres de la famille compris.