La détérioration de la situation financière des Canadiens, causée en grande partie par l’augmentation du coût de la vie, a une incidence directe sur leur niveau de productivité au travail, selon une étude de l’Institut national de la paie. Un argument qui milite en faveur d’une plus grande présence des programmes de mieux-être financier en milieu de travail.

En effet, les préoccupations financières que vivent les Canadiens au travail coûteront aux employeurs plus de 40 milliards de dollars en 2022, estime l’étude. Il s’agit d’une nette hausse par rapport à l’année passée alors que la perte de productivité attribuée au stress financier se chiffrait plutôt à 26,9 G$.

« En moyenne, un travailleur stressé financièrement passe près de 30 minutes par jour à gérer sa situation financière plutôt que d’effectuer ses tâches professionnelles, explique Peter Tzanetakis, président de l’Institut national de la paie. Au cours de l’année, cela représente plus de trois semaines de perte de productivité par employé. »

Presque les trois quarts (72 %) des travailleurs canadiens passent au moins une partie de leur journée de travail à gérer activement leurs finances personnelles ou à y réfléchir (contre 68 % en 2021). En outre, une personne active sur cinq (20 %) est consciente que le stress lié à ses finances a une incidence directe sur son rendement au travail. Parmi la grappe des individus stressés, ce chiffre est de 46 % (contre 39 % en 2021).

29 minutes perdues chaque jour

Si les employeurs n’agissent pas pour favoriser le mieux-être financier de leurs travailleurs, la situation continuera de se détériorer, indique le sondage. Pour les aider, l’Institut national de la paie a publié une nouvelle version de son Évaluateur de santé financière pour les entreprises. Cet outil permet aux travailleurs de répondre à une série de questions personnelles afin de déterminer s’ils sont plus susceptibles de se trouver dans la catégorie des employés « financièrement à l’aise », de « ceux qui s’en sortent » ou alors de ceux « financièrement stressés ».

Ces données sont utiles pour les employeurs, puisqu’ils peuvent ainsi intervenir en ayant une meilleure compréhension de la situation au sein de leur organisation. L’étude montre, sans surprise, que plus une personne est stressée financièrement, plus elle passe du temps à penser à ses finances au travail. Ceux qui se trouvent dans la catégorie des financièrement à l’aise pensent à leurs finances en moyenne près de 8 minutes par jour, soit nettement moins que ceux de la catégorie des stressés qui y consacrent plus de 29 minutes par jour.

L’Évaluateur permet en outre aux employeurs de créer un portail unique qu’il peut utiliser pour déployer l’outil auprès de son personnel. Les résultats agrégés et non identifiables sont ensuite accessibles sur un tableau de bord personnalisé.

« Les entreprises peuvent soutenir le bien-être financier en offrant des services financiers et de conseils, indique M. Tzanetakis. Elles peuvent également encourager de meilleures habitudes d’épargne en mettant en place des programmes d’épargne automatique administrés par le service de paie, avec des contributions de contreparties versées par l’employeur. »

Des recherches antérieures de l’Institut national de la paie ont aussi montré que le stress financier des employés entraîne une augmentation de l’absentéisme, une diminution de la motivation, des relations tendues entre les collègues et un taux de roulement accru.