Le vieillissement de la population au Canada a ralenti l’efficacité de la politique monétaire depuis la crise financière, selon un nouveau rapport du C.D. Howe Institute.

Dans ce document, intitulé Faulty Transmissions: How Demographics Affect Monetary Policy in Canada, les auteurs Steve Ambler et Jeremy Kronick examinent les conséquences de la démographie sur l’efficacité de la politique monétaire, et ce, sous l’angle de l’inflation et du chômage.

Au cours de la dernière décennie, notent-ils, malgré des taux d’intérêt très bas et une politique monétaire stimulante, le Canada a maintenu une inflation moyenne de 1,5 %, inférieure à l’objectif de 2 % de la Banque du Canada. Selon les conclusions de l’étude, l’évolution démographique expliquerait pourquoi l’inflation n’a pas atteint des niveaux plus élevés à la suite de la crise économique.

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« Le vieillissement de la population du Canada est probablement la principale cause de la baisse systématique de l’inflation que nous avons connue depuis la crise financière, analyse Steve Ambler. Parce qu’une population vieillissante s’endette moins qu’une population plus jeune, ce qui la rend moins sensible aux variations des taux d’intérêt. »

Les ménages accumulent en effet des dettes au début de l’âge adulte, mais sont capables de les rembourser à mesure qu’ils vieillissent. Aux derniers stades de leur vie, ils finissent par devenir des créanciers. Ainsi, les ménages plus jeunes sont plus sensibles aux variations des taux d’intérêt que les plus âgés, car ils ont besoin de plus de crédit.

En examinant la période allant du premier trimestre de 1992 au quatrième trimestre de 2015, les auteurs ont testé la théorie selon laquelle la démographie a joué un rôle important dans le ralentissement des répercussions de la politique monétaire sur les principales variables macroéconomiques.

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Ils ont ainsi constaté que les faibles taux d’intérêt stimulent les dépenses des ménages et donc l’inflation, mais que cela est moins vrai lorsque les ménages ne sont pas très endettés. Ils en concluent que, sans le vieillissement de la population, la politique monétaire du Canada aurait été plus efficace.

« Le crédit joue un rôle important dans l’économie réelle, explique Jeremy Kronick. Mais en raison du vieillissement de la population, la baisse des taux d’intérêt n’a pas généré l’augmentation attendue des dépenses, ce qui a conduit à une inflation modérée et à une croissance économique plus faible qu’espérée. »

Selon les auteurs de l’étude, les résultats démontrent que le choix d’une politique monétaire ciblant l’inflation n’est pas déraisonnable, mais qu’il n’est pas parfait non plus. La population canadienne va en effet continuer de vieillir, ce qui, à terme, pourrait bien saper les objectifs de politique monétaire essentiellement basés sur une inflation à 2 %. Les auteurs en concluent qu’il serait sans doute temps pour la Banque du Canada de revoir sa stratégie.

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