Disposer de revenus élevés n’est pas un antidote efficace au stress financier. En réalité, salaire et bien-être financier sont très faiblement corrélés, révèle une analyse publiée par l’Association canadienne de la paie (ACP).

Au-delà de l’âge et du revenu, les principaux facteurs de stress financier chez les travailleurs canadiens sont la capacité à gérer les difficultés financières passagères (comme devoir se passer d’une paie) ainsi que les habitudes d’épargne.

Le laboratoire d’analyse de données financières Western-Laurier a établi l’absence de corrélation entre le salaire et le stress financier en étudiant 11 ans de données provenant du sondage réalisé par l’Association canadienne de la paie dans le cadre de la Semaine nationale de la paie, soit un total de plus de 35 000 réponses.

Selon l’étude, les travailleurs canadiens peuvent se diviser en trois groupes : les gens stressés financièrement, les gens qui se débrouillent et les gens à l’aise. Chacune de ces grappes englobe environ le tiers des répondants.

Les gens à l’aise financièrement peuvent se passer d’une paie, tendent à épargner davantage et accordent plus d’importance à l’équilibre travail-vie personnelle qu’au salaire.

De leur côté, les travailleurs stressés financièrement ont de la difficulté à composer avec des imprévus financiers, ont une faible capacité d’épargne, accordent beaucoup d’importance au salaire, dépensent la totalité de leurs revenus, voire davantage et enregistrent un taux d’endettement élevé.

Enfin, les travailleurs qui se débrouillent sur le plan financier se situent quelque part entre ces deux groupes opposés.

Vieillir ne rend pas nécessairement plus serein

L’idée reçue voulant que les milléniaux soient financièrement stressés en raison de la difficulté à se bâtir une carrière ne correspond par ailleurs pas à la réalité. C’est ainsi que la moitié des gens vivant un stress financier ont plus de 40 ans, et 25 % d’entre eux ont franchi le cap de la cinquantaine.

Bien que le salaire ne soit pas un facteur déterminant dans le niveau de stress financier rapporté par les travailleurs, il peut jouer un certain rôle. Ainsi, 20 % des gens dont le revenu familial atteint 150 000 $ ressentent un stress financier, comparativement à 50 % des ménages dont le revenu est inférieur à 50 000 $.

« Les employeurs doivent prendre note de ces constats, car on sait que la perte de productivité liée au stress financier engendre, pour l’économie canadienne, un manque à gagner frôlant les 16 milliards de dollars par année, souligne Peter Tzanetakis, président de l’Association canadienne de la paie. Ils ne peuvent plus tenir pour acquis que le bien-être financier dépend uniquement du salaire et de prédispositions générationnelles. Ils doivent agir. »

Pour aider les employés à mieux gérer les aspects financiers de leur vie, l’organisme recommande aux employeurs de mettre en place des programmes appelés Payez-vous d’abord dans lesquels les services de paie prennent les dispositions nécessaires pour qu’une portion de la paie des employés qui le désirent soit automatiquement déposée dans un compte d’épargne. À l’heure actuelle, un peu plus de la moitié (55 %) des employeurs canadiens offrent de tels programmes.

Selon l’ACP, l’automatisation du processus d’épargne se traduit par une meilleure gestion financière, un taux d’épargne accru et la mise de côté régulière de fonds pour la retraite.

L’association incite également les employeurs à offrir des programmes d’éducation financière en milieu de travail. Selon un sondage publiée l’année dernière, 79 % des travailleurs canadiens s’intéressent à l’information que leur employeur peut leur fournir sur l’épargne ou la réalisation d’un budget, entre autres.