L’Institut sur la retraite et l’épargne de HEC Montréal a présenté la semaine dernière les résultats préliminaires d’une étude à paraître ce printemps sur les effets potentiels d’une hausse de l’âge d’admissibilité au Régime de rentes du Québec. L’Institut canadien des actuaires (ICA) voit d’un bon œil ces travaux de recherche qui favorisent la discussion, mais tient à formuler quelques précisions.

L’étude révèle notamment qu’environ le quart des Québécois qui touchent actuellement leur rente dès 60 ou 61 ans seraient pénalisés financièrement s’ils devaient attendre 62 ans pour en faire la demande.

Faire passer de 60 à 62 ans l’âge d’admissibilité au RRQ fait partie d’une liste de recommandations publiée en avril 2019 par l’ICA. Mais pour Michel St-Germain, président désigné de l’ICA et ancien associé chez Mercer, il faut analyser cette proposition dans une perspective à long terme.

« La hausse de l’âge de la retraite n’est pas un objectif à court terme. Elle concerne les prochaines générations. On ne doit pas regarder seulement les effets sur les gens qui arrivent à la retraite en 2020 », explique-t-il, en soulignant l’excellent travail réalisé par le chercheur Pierre-Carl Michaud et ses collègues dans le cadre de cette étude.

Atténuer les effets négatifs

Les résultats obtenus par les chercheurs permettent de constater que ce sont principalement les individus à faible revenu qui ne disposent pas d’un revenu de travail à l’âge de 60 ou 61 ans qui seraient les plus pénalisés par une hausse de l’âge de la retraite. En effet, les prestations du RRQ représentent une part importante de leurs revenus. Or, les gens sans emploi à l’âge de 60 ans seront beaucoup moins nombreux dans quelques décennies, estime Michel Saint-Germain, ce qui pourrait amoindrir les effets pervers d’une hausse de l’âge d’admissibilité aux prestations publiques.

L’actuaire admet néanmoins qu’une telle hausse pénaliserait certains groupes de la population et que le gouvernement devrait peut-être mettre en place des mesures compensatoires pour en atténuer les effets négatifs.

« Ce n’est pas la hausse de l’âge de la retraite en tant que telle qui pénalise ces gens, mais les effets fiscaux qu’elle engendre. Des ajustements seraient requis de ce côté-là », note Michel St-Germain. L’étude a en effet constaté que le mécanisme de récupération du Supplément de revenu garanti (SRG) est particulièrement pénalisant pour les Québécois à faible revenu qui reportent le premier versement du RRQ après 60 ans. La bonification de leur rente se trouve en quelque sorte annulée par une diminution du montant de SRG auquel ils ont droit.

Dans son rapport publié en avril 2019, l’ICA propose notamment d’apporter des changements à certains programmes qui procurent un revenu supplémentaire aux aînés à faible revenu. Les prestations d’invalidité pourraient par exemple être bonifiées de façon à ne pas pénaliser les individus qui ne sont plus en mesure de travailler à l’âge de 60 ans. Les règles de calcul du SRG pourraient également être revues afin de permettre aux individus de toucher des revenus plus élevés provenant du RRQ/RPC avant d’être pénalisés.