Les aînés invalides ne seront plus pénalisés lorsqu’ils atteignent l’âge de 65 ans. Le budget Girard, déposé mardi, prévoit en effet éliminer la réduction de la rente de retraite qu’ils subissaient à compter de 65 ans.

« C’est la mesure dont je suis le plus fier », a lancé le ministre des Finances, Eric Girard, en conférence de presse. « Aujourd’hui je pense que c’est une belle journée. »

La mesure entrera en vigueur le 1er janvier prochain et nécessitera des modifications législatives.

Cela touchera 77 000 personnes de 65 ans et plus qui bénéficieront ainsi d’une hausse de leur rente de retraite à compter du 1er janvier 2025. S’ajouteront à ce nombre 23 000 personnes présentement âgées de 60 à 64 ans au cours des prochaines années.

C’est une somme de 135 millions $ qui sera ainsi versée en prestations supplémentaires chaque année.

La cause de certains aînés invalides et de leur rente de retraite réduite est cependant déjà engagée devant les tribunaux, Québec ayant interjeté appel, après que des aînés invalides eurent obtenu gain de cause au départ. On ignore ce qu’il adviendra de cette requête devant le tribunal, mais le ministre Girard a confirmé en conférence de presse que sa mesure ne prévoyait pas de rétroactivité.

Dans les faits, il s’agit d’un changement d’orientation pour le gouvernement, qui subissait la pression des partis d’opposition et des groupes de défense des droits des aînés, qui y voyaient une injustice et de la discrimination envers des aînés vulnérables.

Québec justifie son changement de cap par le fait que « le régime de base disposait d’une marge financière suffisante pour financer cette bonification » lors de la dernière évaluation actuarielle du Régime des rentes du Québec.

« Par conséquent, aucune hausse de cotisation ne sera appliquée » pour financer cette mesure, prend-il soin de souligner dans le budget. « Je consomme 80 % de ma marge de manœuvre », prévient toutefois le ministre Girard, qui ne prévoit en conséquence aucune autre bonification au régime prochainement.

Québec affirme que l’élimination de la réduction représentera pour les aînés de 65 ans et plus une augmentation de leur rente de retraite pouvant atteindre 3 930 $ par année.

La fin d’une aide à l’embauche des aînés

Québec a du même coup annoncé dans son budget la fin du crédit d’impôt pour le maintien en emploi des travailleurs d’expérience (CMETE). Dans un contexte où les entreprises peinent à recruter, le gouvernement considérait qu’il n’était pas nécessaire de donner une aide pour convaincre les employeurs d’embaucher des travailleurs d’expérience.

« Un employeur, déjà limité dans son choix pour pourvoir les postes disponibles, serait disposé à embaucher un travailleur d’expérience, même sans incitatif fiscal », peut-on lire dans le budget.

M. Girard a précisé que cette décision touche uniquement les employeurs et que le crédit pour la prolongation de carrière est toujours offert aux travailleurs d’expérience. Il a aussi mentionné que la réduction de la contribution des employeurs au RRQ pour les travailleurs de plus de 65 ans, annoncée l’an dernier, constituait un incitatif pour les entreprises.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) qualifie l’abolition du crédit pour les employeurs « d’un recul ». Après avoir obtenu un gain avec les modifications aux contributions au RRQ pour les travailleurs de 65 ans et plus, l’annonce d’aujourd’hui « nous ramène à la case départ », déplore la FCCQ dans un communiqué.

Le CMETE pouvait atteindre 1250 $ pour un travailleur de 60 ans à 64 ans et 1875 $ pour un travailleur de plus 65 ans.