Riyadh skyline at night

L’Arabie Saoudite envisage sérieusement de réformer son système de retraite, aux prises avec un déficit actuariel abyssal causé en bonne partie par un nombre considérable de départs anticipés à la retraite.

Les responsables de la General Organization for Social Insurance (GOSI), qui gèrent les pensions des secteurs privé et public, soulignent que le système de retraite saoudien n’est plus viable à l’heure actuelle, alors qu’il doit composer avec un déficit de 800 milliards de riyals, soit environ 264 milliards de dollars canadiens. L’État étudie plusieurs options pour rétablir la situation, notamment demander aux citoyens de travailler plus longtemps et de cotiser davantage au régime, rapporte Bloomberg.

L’âge officiel de la retraite est de 60 ans en Arabie Saoudite, mais environ le tiers des employés optent pour une retraite anticipée après seulement 20 ou 25 ans de travail. Un travailleur saoudien qui entre sur le marché du travail à l’âge de 25 ans part donc très souvent à la retraite à 45 ou 50 ans. Dans bien des organisations, la norme est de mettre à la retraite les employés après 20 ans de service.

Le gouverneur adjoint de la GOSI, Nader Al Wahibi, a récemment affirmé à la télévision publique que les retraites anticipées dans un contexte d’allongement de l’espérance de vie mettaient en danger le système de retraite. « Les personnes qui prennent une retraite anticipée vont épuiser tout l’argent du fonds, a-t-il déclaré. Ils vivent plus longtemps, et l’argent n’est pas suffisant, même si nous obtenions des rendements d’investissement astronomiques. »

Une hausse de la cotisation au système de retraite, qui est actuellement de 9 % pour les travailleurs, est aussi envisagée, malgré qu’aucune décision n’ait encore été prise.

Une telle réforme des pensions sera toutefois difficile à mettre en place d’un point de vue politique. Cette atteinte au niveau de vie des saoudiens pourrait en effet saper le soutien de la population au prince héritier Mohammed bin Salman, qui tente de remodeler une économie fortement dépendante du pétrole.

Depuis des décennies, l’exploitation pétrolière a permis à l’État d’offrir de nombreux avantages aux citoyens tels que des emplois publics abondants, des bourses universitaires, des prestations de retraite généreuses ainsi que de l’essence et de l’électricité bon marché. Et malgré un avenir plus sombre pour les combustibles fossiles, les attentes de la population saoudienne sont encore élevées envers l’État, qui doit pourtant s’ajuster à une baisse des prix du pétrole brut en sabrant certaines dépenses.

Ces interrogations concernant le système de retraite saoudien surviennent seulement quelques semaines après l’annonce de la fusion des deux plus grands fonds de retraite et d’assurance du pays, la General Organization of Social Insurance et la Public Pension Agency. Avec plus de 250 G$ US d’actif sous gestion, la nouvelle entité s’est taillé une place dans le top 10 des plus grandes caisses de retraite du monde.