Le Canada est passé de la 10e à la 9e position de l’indice mondial Mercer Melbourne, qui évalue les systèmes de retraite de 37 pays. Une remontée qui s’explique surtout par la croissance des actifs détenus dans le Régime de pensions du Canada (RPC) et le Régime de rentes du Québec (RRQ).
Le pays a conservé sa cote B, mais a vu sa note globale atteindre 69,2, une augmentation de 1,2 points par rapport à l’année dernière. Une quarantaine d’indicateurs, répartis en trois sous-indices, sont pris en considération dans l’élaboration du palmarès. C’est pour le sous-indice intégrité que le Canada obtient le score le plus élevé (78,2), suivi du sous-indice suffisance (70,0), et finalement du sous-indice viabilité (61,8).
« Bien que le système de retraite canadien demeure solide, d’importants risques se profilent à l’horizon », affirme Jean-Philippe Provost, membre principal du partenariat et responsable du domaine Avoirs de Mercer au Canada. Il existe actuellement un écart de 2 500 G$ US entre l’épargne-retraite accumulée des Canadiens et les besoins prévus de revenus à la retraite. »
Cet écart, précise-t-il, est attribuable non seulement aux changements démographiques, mais aussi à un accès limité des travailleurs à des régimes de retraite d’entreprise, ainsi qu’à un environnement d’investissement à long terme difficile. Les femmes sont particulièrement touchées par cet écart.
Les Pays-Bas encore au sommet
Fidèle à leur habitude, les Pays-Bas trônent au sommet de l’indice avec un score de 81,0. Depuis la première édition de l’indice Mercer Melbourne, il y a 11 ans, les Pays-Bas ont occupé le premier ou le deuxième rang à dix reprises. Suivent ensuite, dans l’ordre, le Danemark, l’Australie, la Finlande, la Suède, la Norvège, Singapour, la Nouvelle-Zélande, le Canada et le Chili. Le Royaume-Uni pointe pour sa part au 14e rang, les États-Unis au 16e rang et la France au 18e rang.
En ce qui a trait aux sous-indices, les meilleurs résultats sont ceux de l’Irlande pour la suffisance (81,5), du Danemark pour la viabilité (82,0) et de la Finlande pour l’intégrité (92,3). Les plus faibles résultats sont ceux de la Thaïlande pour la suffisance (35,8), de l’Italie pour la viabilité (19,0) et des Philippines pour l’intégrité (34,7).
Le score moyen obtenu par les 37 pays analysés, qui représentent près des deux tiers de la population mondiale, a atteint 59,3 en 2019.
Viabilité incertaine
Les principales inquiétudes soulevées par l’indice Mercer Melbourne proviennent du sous-indice viabilité, qui mesure la probabilité qu’un système actuel soit en mesure de verser des prestations dans l’avenir.
Le problème touche particulièrement de nombreux systèmes de l’Amérique du Sud et de l’Asie, qui se sont vu attribuer une cote moyenne de D pour leur viabilité. Par exemple, le Chili a obtenu un solide résultat de 71,7 pour ce sous-indice, tandis que le Brésil et l’Argentine ont obtenu un résultat respectif de 27,7 et de 31,9. Une situation semblable se dessine en Asie, où Singapour a obtenu un résultat de 59,7, alors que le Japon n’a obtenu que 32,2.
Toutefois, ce problème ne se limite pas aux économies en développement. De nombreux pays européens font face à des pressions semblables. Bien que le Danemark ait obtenu le meilleur résultat du sous-indice de viabilité (82,0), l’Italie et l’Autriche n’ont obtenu que 19,0 et 22,9, respectivement.
Pour améliorer la viabilité des systèmes de retraite à l’échelle mondiale, le rapport recommande notamment d’encourager ou d’exiger un niveau d’épargne plus élevé pour l’avenir, de reporter graduellement l’âge de la retraite pour les régimes d’État et de permettre aux gens ou les persuader de travailler plus longtemps.
« On doit repenser les régimes d’État et l’âge de la retraite en fonction d’une espérance de vie accrue, une étape que certains gouvernements ont déjà franchie, afin de réduire les coûts liés aux prestations de retraite financées par l’État », affirme Deep Kapur, directeur du Monash Centre for Financial Studies, à Melbourne.
Beaucoup d’actifs de retraite, beaucoup de dettes?
L’édition 2019 de l’indice a par ailleurs révélé l’existence d’une forte corrélation entre le niveau d’actif des régimes de retraite et la dette des ménages. En effet, la croissance de la dette des ménages dans les économies développées et en croissance va de pair avec la croissance de l’actif détenu par les régimes de retraite.
Le rapport explique cette tendance en invoquant « l’effet de richesse », c’est-à-dire la propension à dépenser davantage à mesure que le patrimoine augmente. Selon David Knox, auteur de l’étude, la croissance de l’actif détenu par les régimes de retraite favorise le sentiment de sécurité financière auprès des ménages en leur permettant de tirer un revenu de leurs économies. Ils peuvent ainsi emprunter des fonds avant la retraite afin d’améliorer leur niveau de vie actuel et futur.
« À mesure que les avoirs des particuliers s’accumulent, qu’il s’agisse de leur résidence, de leur portefeuille de placement ou de leur épargne-retraite, ils deviennent de plus en plus à l’aise de s’endetter. Les faits démontrent qu’à l’échelle mondiale, pour chaque dollar additionnel dans les avoirs de retraite d’une personne, la dette nette de son ménage augmente d’un peu moins que 50 cents », affirme M. Knox.