Aux prises avec un système de retraite qui pèse de plus en plus lourd sur les finances publiques, le Japon envisage sérieusement de repousser l’âge légal de la retraite à 70 ans. Si la population semble voir d’un bon œil une telle réforme, il en est tout autrement des entreprises.
Cette mesure proposée par le gouvernement fait partie d’un vaste plan intitulé « Vers une ère où l’on vit à 100 ans », rapporte Le Figaro.
La volonté du premier ministre Shinzo Abe de prolonger la vie active des Japonais à un âge si avancé n’est pas étrangère au fait que le Japon détient le record de la plus longue espérance de vie parmi les pays de l’OCDE, soit 84 ans.
Les entreprises seront difficiles à convaincre
À l’heure actuelle, l’âge légal de la retraite au Japon est de 65 ans, mais si un employeur demande à un salarié de quitter avant d’avoir atteint cet âge, ce dernier peut exceptionnellement percevoir une rente réduite avant de toucher sa rente complète à 65 ans. À 60 ans par exemple, les prestations sont réduites de 30 %.
Cette interrelation entre les entreprises et le système de sécurité sociale japonais complique la mise en œuvre de toute initiative visant à repousser l’âge de départ à la retraite. Le gouvernement devra négocier avec les employeurs, qui encore aujourd’hui fixent généralement l’âge de la retraite à 60 ans pour ne pas que le salaire des employés âgés pèsent trop lourdement sur leurs résultats financiers.
Mais pour contrer les effets de la pénurie de main-d’œuvre, les entreprises japonaises ont commencé à réembaucher leurs anciens employés âgés. Elles leur proposent toutefois des contrats précaires moins bien rémunérées. S’il est adopté, le plan du gouvernement japonais réduirait la possibilité des entreprises à agir ainsi. Les autorités veulent inciter les employeurs à garder leurs salariés plus longtemps, mais avec un statut moins précaire.
Pour que sa réforme puisse voir le jour, le gouvernement japonais prévoit augmenter l’âge de la retraite de façon progressive et soutenir financièrement les entreprises.
Une société de travailleurs âgés
Si les entreprises se montrent réticentes face à une réforme de l’âge de la retraite, les Japonais semblent beaucoup plus prompts à l’approuver. Selon un sondage réalisé par le gouvernement, deux Japonais sur trois de plus de 60 ans souhaite travailler après 65 ans.
Les travailleurs japonais sont déjà habitués de travailler jusqu’à un âge avancé. Selon les statistiques du ministère du Travail, 8,1 millions de citoyens de plus de 65 ans sont actifs sur le marché du travail, ce qui représente 12,5 % de l’ensemble de la population. Il s’agit de la plus forte proportion de travailleurs âgés parmi les pays membres de l’OCDE. Plus de la moitié des hommes et plus d’un tiers des femmes âgés de 65 à 69 ans occupent toujours un emploi.
Alléger les dépenses publiques
En réduisant le nombre de Japonais percevant des prestations publiques de retraite avant 70 ans, le gouvernement de Shinzo Abe espère donner un peu d’air aux finances publiques, durement touchées dans une société où le phénomène de vieillissement de la population est alarmant. Plus de 40 % de la population est âgé de 65 ans ou plus au Japon, et le taux de fécondité est l’un des plus faibles sur la planète.
En une vingtaine d’années, le budget consacré aux programmes de sécurité sociale a explosé, passant de 17 à 33 % du budget total de l’État. Pour ne rien arranger, le pays doit composer avec une dette publique dépassant 250 % du PIB.