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Obtenir un taux de remplacement du revenu de 60 % à la retraite, et ce, sans toucher à son épargne personnelle, est-ce trop beau pour être vrai? Pas du tout… à condition d’être un peu patient.

Grâce à la bonification du Régime de rentes du Québec (RRQ) annoncée l’automne dernier, les retraités qui repoussent à 70 ans le versement de leurs prestations du RRQ et de la pension de la Sécurité de la vieillesse (PSV) « pourront bénéficier d’une couverture publique complète de leurs besoins à la retraite ». C’est en tout cas la conclusion d’une récente étude de la Chaire de recherche en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke.

Rappelons que plus les travailleurs retardent leur demande au RRQ et à la PSV, plus les prestations sont élevées. Le revenu supplémentaire ainsi généré peut atteindre 13 000 $ annuellement.

Les deux auteurs de l’étude, Antoine Genest-Grégoire et Luc Godbout, ont calculé qu’une personne qui gagnait le maximum des gains admissibles (MGA), soit environ 55 000 $ en 2016, serait en mesure de « s’acheter » une couverture publique complète (60 % du revenu de travail) en échange d’une somme accumulée d’environ 155 000 $, qui servirait à couvrir ses dépenses entre son départ de la vie active à 65 ans et le début de versement des prestations publiques à 70 ans. Si ce même individu recevait ses prestations dès l’âge de 65 ans, l’épargne personnelle nécessaire pour maintenir le même niveau de vie serait plutôt de 175 000 $.

Il faut tout de même noter que ces simulations posent l’hypothèse d’un régime pleinement bonifié. Or, les cotisations et les prestations supplémentaires prévues dans la récente réforme du RRQ (et du Régime de pensions du Canada) s’appliqueront progressivement. Les retraités de 2065 seront donc les premiers à avoir payé des cotisations plus élevées pendant toute leur carrière, et conséquemment, à recevoir la bonification entière.

Offrir encore plus de flexibilité

Si les règles actuelles permettent aux prestataires du RRQ et de la PSV de retarder les paiements jusqu’à l’âge de 70 ans, Antoine Genest-Grégoire et Luc Godbout proposent aux gouvernements d’aller plus loin en permettant un report des prestations jusqu’à l’âge de 75 ans. Cela permettrait aux retraités d’obtenir un revenu de remplacement à la retraite, même sans les prestations du RRQ bonifié.

« Si le RRQ offrait l’option de retarder la demande de prestations à 75 ans, cette réforme aurait l’avantage d’être applicable dès maintenant, alors que la bonification du RRQ ne prendra pleinement effet que dans plusieurs décennies. Cette option pourrait inciter les retraités à décaisser plus rapidement leur épargne en début de retraite en échange de prestations publiques plus considérables par la suite », peut-on lire dans l’étude.

On y ajoute que le taux de bonification actuel est très généreux par rapport au rendement qu’un investisseur peut attendre de son épargne, surtout si l’on considère le risque financier.

« La flexibilité qu’offre actuellement le régime de retraite mérite non seulement d’être mieux connue, elle devrait aussi être accrue », conclut l’étude.