Alors que la grève contre la réforme du système de retraite en France perdure depuis maintenant plus d’un mois, un sondage du Figaro révèle que la plupart des Français jugent toujours la mobilisation justifiée… mais souhaitent tout de même qu’elle prenne fin.

À la veille d’une quatrième et d’une cinquième grande journée de manifestation, jeudi et samedi, 61 % des Français soutiennent toujours le mouvement de grève, un léger recul de cinq points depuis le 19 décembre dernier. En revanche, en raison des fortes perturbations dans les transports, la patience des citoyens commence à s’étioler. Ainsi, 57 % des répondants au sondage souhaitent que la grève, qui entame son deuxième mois, prenne fin.

Les Français n’appuient pas la réforme du système de retraite pour autant. Rappelons que celle-ci prévoit notamment la création d’un seul régime universel auquel tous les travailleurs cotiseront selon les mêmes règles. La réforme sonnerait donc le glas des « régimes spéciaux » dont jouissent certaines catégories de salariés, notamment les cheminots de la Société nationale des chemins de fer (SNCF) et des transports collectifs parisiens (RATP).

Mais pour la majorité des travailleurs français, qui ne bénéficient pas de ces régimes spéciaux, c’est surtout l’instauration d’un « âge pivot » à 64 ans qui est source de frustration. Si la réforme est adoptée, les Français pourraient continuer de prendre leur retraite à l’âge de 62 ans, l’âge légal actuellement en vigueur dans le pays, mais verraient leur prestations réduites. Des bonifications seraient également prévues pour les salariés qui prolongeraient leur carrière après 64 ans. Selon le sondage du Figaro, ce concept d’âge pivot est rejeté par 61 % des Français.

Un climat toujours tendu

Pour dénouer l’impasse, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), l’une des deux plus grandes organisations syndicales du pays, a suggéré d’aborder les questions financières de la réforme lors d’une « conférence de financement », proposition acceptée par le premier ministre Édouard Philippe. Son contenu et son calendrier seront discutés lors d’une rencontre avec les syndicats et les organisations patronales vendredi. Pour autant, les syndicats demandent toujours la suppression pure et simple de l’âge pivot du projet de réforme.

La résolution de la crise semble encore bien lointaine. Mercredi, trois syndicats ont claqué la porte d’une réunion portant sur la pénibilité du travail. Selon les représentants syndicaux, le gouvernement voudrait éliminer des mesures qui permettent à certains travailleurs de la fonction publique exerçant un métier particulièrement pénible de partir à la retraite de manière anticipée.

Le premier ministre Édouard Philippe espère toujours faire voter le projet de loi sur la réforme des retraites avant l’été.