Pour atténuer les effets de la pénurie de main-d’œuvre qui sévit actuellement dans la province, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) propose l’implantation de différentes mesures financières et fiscales, notamment le report de l’âge de la retraite au Canada.

Publié mercredi, le rapport Les travailleurs expérimentés : un potentiel sous-exploité rédigé par EY à la demande de la FCCQ contient de nombreuses idées pour inciter les employés à prolonger leur carrière.

Il invite notamment les gouvernements à « envisager de repousser l’âge de la retraite afin que le Québec s’arrime aux autres pays membres de l’OCDE », ajoutant que la majorité des pays préconise l’âge de 67 ans.

La FCCQ voudrait également repousser graduellement l’âge d’admissibilité à la rente anticipée du Régime de rentes du Québec de façon à bonifier la rentes demandée à 65 ans. Le rapport suggère néanmoins de prévoir une « solution de rechange » aux travailleurs de 60 ans qui sont en difficulté et qui pourraient être désavantagés par les ajustements à la retraite anticipée.

D’autres mesures fiscales sont mises de l’avant, comme l’octroi d’un crédit d’impôt aux organisations du secteur privé qui offrent une formation à tous les employés, incluant les travailleurs expérimentés, ou encore l’utilisation de l’assurance-emploi comme levier pour financer la formation de la main-d’œuvre et les mesures d’aide à l’emploi.

Pour inciter les travailleurs âgés à demeurer en poste, le rapport propose aussi d’éliminer l’obligation de remboursement du Supplément de revenu garanti lorsqu’un revenu de travail est généré, de taxer les rentes de retraite avant un certain âge et de rehausser l’âge limite auquel un REER doit être converti en FERR, qui est actuellement de 70 ans.

Les employeurs ont aussi un rôle à jouer

À l’échelle des entreprises, la FCCQ prône davantage de flexibilité pour les travailleurs âgés. Cela peut prendre la forme de semaines de travail comprimées, sur quatre jours par exemple, de télétravail, de contrats ponctuels, d’horaires flexibles ou de postes partagés.

L’aménagement des lieux de travail ne doit pas être négligé non plus pour inciter les employés à repousser leur retraite, ni l’importance de maintenir un climat de travail sain et agréable, qui prévient les risques psychosociaux. La constitution d’équipes multigénérationnelles est une bonne façon d’y parvenir, souligne le rapport.

Les organisations auraient également avantage à mettre en place des mesures favorisant la retraite progressive.

D’un point de vue plus global, la FCCQ souhaite qu’une vaste campagne de sensibilisation visant à déboulonner les mythes concernant les travailleurs âgés soit lancée au Québec. Une telle campagne permettrait, selon la fédération, de mettre de l’avant les qualités et les atouts qu’apportent les travailleurs d’expérience dans les milieux de travail.

« D’un côté, les besoins des entreprises en main-d’œuvre sont criants et de l’autre, les travailleurs expérimentés sont nombreux et en meilleure santé que les cohortes qui les ont précédés. Ils peuvent donc continuer de faire profiter activement la société de leurs compétences, explique Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ. Quand on pense qu’en 2030, un travailleur sur quatre aura plus de 65 ans, il importe que dès maintenant nous prenions collectivement en compte le potentiel de ce bassin de travailleurs et que nous mettions tout en œuvre pour favoriser la poursuite de leur activité professionnelle. »