Le gouvernement espagnol veut mettre en place d’ici la fin de l’année un régime volontaire de retraite dans le but de réduire la dépendance des citoyens du pays à la pension versée par l’État.

Ce fonds sera géré par des sociétés d’investissement privées et offrira aux Espagnols « une alternative abordable et complémentaire au régime de retraite public », soutient Madrid.

« Nous pensons que certains groupes d’Espagnols à revenus moyens et faibles seront intéressés par une augmentation de leur épargne-retraite qui pourra compléter leur pension publique », a déclaré José Luis Escriva, ministre de la sécurité sociale du gouvernement socialiste espagnol dans une entrevue à Bloomberg.

Pour encourager les travailleurs à cotiser, le nouveau fonds prévoit des incitatifs fiscaux, ainsi que des frais de gestion plafonnés. Un appel d’offres sera bientôt lancé pour sélectionner un ou plusieurs gestionnaires de fonds qui auront pour responsabilité de gérer ce nouveau régime volontaire.

Ce dernier est inspiré du National Employment Saving Trust (Nest) du Royaume-Uni, dans lequel une douzaine de gestionnaires de fonds gèrent l’actif de plus de 9,5 millions de Britanniques. L’inscription à ce dernier est toutefois automatique, avec possibilité de s’en retirer. En Espagne, les personnes intéressées devront y adhérer. Certains observateurs doutent d’ailleurs de l’efficacité de la mesure, puisque les travailleurs ont peu tendance à s’inscrire aux régimes de retraite volontaires.

L’impasse espagnole

En Espagne, les régimes de retraite d’employeurs ne sont pas très développés, notamment parce que les entreprises du pays sont de plus petite taille que celles ailleurs en Europe. Résultat : les travailleurs sont très dépendants du régime de retraite public, qui fait face à d’importants enjeux de financement. Le taux de chômage élevé dans le pays n’arrange rien.

À l’heure actuelle, l’épargne-retraite privée de l’ensemble des Espagnols ne représente que 14 % du PIB du pays, soit bien moins que la moyenne de 80 % dans les pays de l’OCDE. De plus, cette épargne est concentrée dans les mains des travailleurs à plus hauts revenus.

Le gouvernement travaille sur d’autres réformes dans le domaine de la retraite. Il veut notamment mettre en place des incitatifs fiscaux pour encourager les travailleurs à prolonger leur carrière plus longtemps. L’Espagne a déjà essayé de réformer son système de retraite en ajustant les prestations en fonction des fonds disponibles et de l’amélioration de l’espérance de vie, mais les législateurs avaient dû reculer après que des millions de retraités soient descendus dans la rue en 2018 et en 2019 pour protester.

L’Espagne offre l’un des régimes publics les plus généreux parmi les pays de l’OCDE. Pas moins de 12 % de la production économique du pays est consacrée au paiement annuel des prestations de retraite. Il s’agit d’une proportion similaire à celle de la France, et légèrement inférieure à celle de l’Italie, mais largement supérieure à la moyenne des pays de l’OCDE.