La bonification du Régime de rentes du Québec et du Régime de pensions du Canada causera la perte de 64 000 emplois au pays, estime la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).

C’est 4,5 fois plus que les projections du gouvernement fédéral, affirme l’organisme, qui a réalisé ses propres prévisions à l’aide du Policy and Economic Analysis Program, un modèle macroéconométrique de l’Université de Toronto.

« Cela n’est pas étonnant. Il est évident que les employeurs adopteront des moyens pour compenser cette hausse des coûts de main-d’œuvre. Ils tenteront de réduire leurs besoins de travailleurs en les remplaçant par exemple par de la technologie ou en privilégiant l’embauche de travailleurs plus qualifiés », explique Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

Elle ajoute que les travailleurs moins qualifiés, comme les jeunes ou les nouveaux arrivants, risquent d’être les premiers à écoper de la bonification du RRQ et du RPC.

Baisse des revenus et hausse des déficits

Les effets négatifs sur l’emploi causés par la hausse des cotisations aux régimes de retraite publics perdureraient jusqu’en 2020. Par la suite, ces effets se transformeraient en « contraction des revenus réels » et en « pression à la hausse sur le déficit gouvernemental ».

Selon l’analyse de la FCEI, le revenu disponible des ménages sera inférieur en moyenne d’environ 700 $ à ce qu’il aurait été en 2025 (en dollars d’aujourd’hui), puis de 400 $ jusqu’en 2040.

Par ailleurs, si le gouvernement ne modifie pas ses politiques fiscales, son déficit gonflera d’environ 4 G$ de plus par année en raison des prestations d’assurance-emploi supplémentaires qui seront versées les premières années consécutives aux hausses de cotisations, et des revenus moins élevés par la suite.

Les employeurs cotisent suffisamment

La FCEI s’oppose farouchement, depuis de nombreuses années déjà, à toute bonification des régimes de retraite publics. L’organisme estime que les employeurs contribuent déjà suffisamment à la caisse de retraite de leurs employés et prône la mise en place d’outils d’épargne-retraite où les cotisations patronales ne sont pas obligatoires, comme le RVER.

À ce chapitre, les chiffres présentés par la FCEI montrent que « le gouvernement aurait pu atténuer la contraction de l’emploi s’il avait opté pour hausser uniquement les cotisations des travailleurs ». Si cette solution avait été retenue, les salaires auraient augmenté de 400 $ de plus en moyenne par personne d’ici 2024, selon la FCEI.

« La hausse des cotisations au RPC et au RRQ s’ajoute aux augmentations des cotisations à l’assurance-emploi et du salaire minimum et aux autres coûts additionnels imposés par la réglementation qui pèsent sur les propriétaires de PME, soutient Martine Hébert. Bien que certains estiment qu’il s’agit d’un sacrifice à court terme pour davantage de bénéfices à long terme, on peut se demander combien d’autres sacrifices nous pouvons encore exiger des propriétaires de PME. »

Pour compenser les coûts supplémentaires engendrés par la bonification, la FCEI demande à Ottawa et aux provinces de prévoir des mesures d’allègement fiscal pour les employeurs dans leurs budgets.