Alors que la hausse des taux d’intérêt aurait pu décourager les placements privés, ceux-ci continuent de voir affluer les investissements, au risque d’alimenter une crise potentielle.

Avec la hausse des taux d’intérêt, les actifs privés étaient censé devenir moins attractifs.

Les caisses de retraite, comme les autres investisseurs institutionnels, auraient pu préférer se tourner vers d’autres actifs, tels que les titres à revenu fixe, devenus plus rémunérateurs que dans le passé.

Pourtant, ces grands investisseurs continuent d’acquérir massivement des actifs privés, ce qui risque d’alimenter une sorte de pyramide de Ponzi, prévient le Wall Street Journal.

Aux États-Unis, la dette privée est passée de 280 milliards de dollars en actifs sous gestion en 2007 à 1 500 milliards de dollars en 2022, selon les chiffres de la firme PitchBook. Le financement ne se tarit pas en 2023, bien que le nombre de transactions ait ralenti. Mais ce ralentissement est moins important que celui des prêts bancaires.

C’est que les prêteurs privés s’intéressent de plus en plus aux financements adossés à des actifs, comme les prêts hypothécaires résidentiels, les cartes de crédit et les prêts automobiles. Ce marché passera de 5 200 milliards de dollars en 2022 à 7 700 milliards de dollars 2027, selon le fonds d’investissement KKR.

Cela s’explique aussi par le besoin d’entreprises de refinancer leurs dettes arrivées à échéance, alors que les taux d’intérêt leur coûtent bien plus cher qu’il y a trois ans. Ils trouvent auprès des grands investisseurs les financements dont ils ont besoin. Ces transactions représentent 15 % du total des opérations de crédit privé depuis le début de l’année.

De plus, les investisseurs institutionnels parviennent plus difficilement à se retirer de leurs actifs privés dans le délai généralement prévu de trois à sept ans. Les incertitudes quant au contexte économique, et la faible liquidité de ces actifs rendent leur tâche plus ardue.

Le risque est que ces investissements maintiennent à flot des entreprises non viables, comme une pyramide de Ponzi, prévient le Wall Street Journal. Seules 46 % des entreprises financées par la dette privée génèrent un flux de trésorerie d’exploitation positive, selon une analyse de S&P Global Ratings.

L’évolution économique des prochains mois sera déterminante pour la dette privée: un atterrissage en douceur de l’économie lui permettra de rebondir, tandis qu’une chute brutale pourrait causer un effondrement des marchés privés, pointe le média américain.