Les régimes de retraite du secteur public aux États-Unis tendent à sous-estimer les risques liés aux placements privés, conclut une étude de la société de technologie financière MPI.

Dans cette étude, le mathématicien Michael Markov affirme qu’en moyenne, les risques encourus par les caisses de retraite publiques sont supérieurs d’au moins 20 % à ce qu’elles déclarent, en grande partie parce qu’elles ne tiennent pas compte des véritables risques inhérents au capital-investissement. Le régime de retraite de l’État de l’Oregon serait par exemple 40 % plus volatil que ne le montrent ses propres statistiques, rapporte le New York Times.

Officiellement, les rendements des fonds de placements privés sont peu volatils parce qu’ils sont basés sur des évaluations peu fréquentes d’entreprises privées. « Si l’on tient compte des prix périmés des fonds de capital-investissement, les risques sont beaucoup plus importants », a-t-il déclaré lors d’une entrevue au quotidien new-yorkais.

Michael Markov utilise des techniques statistiques pour corriger les décalages dans l’évaluation des actifs et publie les résultats pour les différents régimes de retraite sur un site web afin que tout le monde puisse les consulter. Si certaines des plus grandes caisses de retraite publiques, comme le New York State Teachers Retirement System et le California Public Employees’ Retirement System (CalPERS), ont déclaré des niveaux de risque assez proches des estimations de M. Markov, ce n’est pas le cas de la plupart d’entre eux. Pour le régime de retraite public de l’État de Washington, le risque, mesuré par l’écart-type, était environ 50 % plus élevé que ce qu’indiquaient les rendements publiés par le fonds, selon les estimations de M. Markov.

Une autre étude de Bain & Company estime que 2 800 milliards de dollars de fonds de capital-investissement dans le monde contiennent des « actifs non réalisés », autrement dit des évaluations subjectives qui ne sont pas basées sur les prix actuels du marché.

Le niveau de capitalisation des régimes à prestations déterminées dans le secteur public américain sont beaucoup plus bas que ce l’on peut observer au Canada. Selon le Pew Charitable Trust, ils ne disposaient en moyenne que de 71 % des fonds nécessaires pour tenir leurs promesses à long terme en 2022. La firme prévient toutefois que le déficit pourrait être encore plus grave puisque les hypothèses actuarielles seraient parfois basées sur des taux de rendement irréalistes.

À l’heure actuelle, les placements privés représentent environ 13 % des actifs détenus par les régimes de retraite publics américains. Le régime de l’État de l’Oregon affiche même une exposition de 27,8 % à cette catégorie d’actif.

Une étude menée par le Center for Retirement Research du Boston College a conclu que les placements privés pouvaient certes mener à une volatilité moindre des rendements annuels, mais « qu’il était difficile de déterminer si cette volatilité plus basse est bien réelle ou alors la conséquence d’évaluations décalées et imprécises de certains actifs ».

L’étude souligne que les résultats des fonds de capital-investissement sont communiqués par les caisses de retraite avec un décalage supplémentaire de trois mois, ce qui lisse artificiellement les rendements.