Alors que la part des placements privés augmente dans les actifs des caisses de retraite, une certaine méfiance se développe quant à la valeur réelle de ces investissements.

Les actifs privés semblent inébranlables. Pourtant, les marchés d’actions et d’obligations sont secoués par les attentes de taux d’intérêt élevés, qui viennent ébranler la valeur des actifs.

Or, les placements privés, peu ou pas liquides, échappent à ces variations quotidiennes, et demeurent à des niveaux élevés de valorisation. Cela amène déjà des questions sur leur valeur réelle, et sa déconnexion avec la réalité économique.

Mais la baisse de la valeur des actifs traditionnels renforce la part relative des placements privés dans les portefeuilles des caisses de retraite, ce qui renforce les craintes quant à la valeur réelle de ces investissements, pointe Reuters.

Au Royaume-Uni, le régulateur affirme qu’un examen des risques sur les marchés des actifs non cotés permettrait de vérifier comment les évaluations sont effectuées, et si les risques pourraient s’étendre au secteur bancaire.

En effet, l’allocation aux placements privés pourrait bien désormais dépasser les limites imposées par leurs administrateurs en matière d’actifs illiquides. Et comme des employeurs souhaitent transférer leur régime de retraite à un assureur, des caisses de retraite doivent vendre leurs placements privés parce que les assureurs sont réticents à prendre en charge ces actifs.

Ces questionnements ne se limitent pas au Royaume-Uni. Un rapport de l’Organisme mondial de surveillance des valeurs mobilières (OICV) assure que la valeur des placements privés est périmée en raison du décalage des évaluations. Alors que les actions sont évaluées à chaque seconde, les actifs privés sont estimés une fois par an trimestre, voire une fois par an.

Cela explique la déconvenue de caisses de retraite britanniques qui se retrouvent à céder des actifs illiquides avec une décote de 40%. Le risque de contagion au secteur bancaire est réel: les banques se retrouvent à constater que leurs clients emprunteurs – quels qu’ils soient – détiennent une valeur d’actifs nettement moindre que prévu, créant des fragilités dans la robustesse du système de crédit.