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Après une chute considérable des niveaux de solvabilité des régimes de retraite canadiens à la fin de 2018, les premiers mois de 2019 ont laissé un peu de répit aux promoteurs.

Au 31 mars dernier, le ratio de solvabilité médian des régimes de retraite à prestations déterminées des clients de Mercer se situait à 97 %, en hausse de 2 points de pourcentage depuis le 31 décembre.

La bonne tenue des marchés n’a toutefois pas suffi à effacer les pertes épongées lors du catastrophique quatrième trimestres de 2018. Avant la débandade boursière de fin d’année, les régimes de retraite affichaient un ratio de solvabilité de 102 %, un sommet en 18 ans.

Néanmoins, presque un régime sur deux était entièrement capitalisé au 31 mars dernier, et moins de 5 % des régimes affichaient une capitalisation inférieure à 80 % sur base de solvabilité.

C’est la solide performance des marchés boursiers qui explique l’amélioration de la santé des régimes. Avec des rendements d’au moins 10 % à l’échelle mondiale, la majorité des dommages subis en décembre 2018 ont pu être renversés. Par contre, la baisse de 30 points de base des taux d’intérêt à long terme, qui a entraîné une hausse du passif de retraite, a partiellement annulé les gains obtenus en Bourse.

« Même si de nombreux régimes de retraite ont terminé le premier trimestre de 2019 en étant entièrement provisionnés ou presque, la volatilité des derniers mois a effrayé les répondants de régimes et leur a rappelé à quel point la pleine capitalisation d’un régime pouvait être temporaire », constate F. Hubert Tremblay, conseiller principal chez Mercer Canada. « Plutôt que d’attendre patiemment, de nombreux répondants ont vu la baisse soudaine et la reprise qui l’a immédiatement suivie comme un appel à l’action pour ajuster le niveau de risque du régime. »

La firme recommande aux promoteurs de se montrer proactifs dans l’établissement de leur politique de financement. « Un financement minimum ne permettra plus aux régimes de retraite établis en fonction d’un horizon de placement de court à moyen terme d’atteindre leurs objectifs », prévient M. Tremblay.

Dans le vert partout

Chez Aon, le ratio de solvabilité médian s’établissait à 98,5 % à la fin du premier trimestre, ce qui représente une hausse de 3,3 points de pourcentage depuis la fin de 2018. L’actif des régimes a affiché un rendement de 8,5 % au cours des trois premiers mois de l’année. Tous les indices boursiers ont généré des rendements positifs, en particulier le S&P/TSX (+13,3 %), le S&P 500 (+11,2 %) et le MSCI Monde (+10 %).

Les rendements des actifs réels ont suivi le rythme des actions au cours du trimestre. Les infrastructures mondiales ont progressé de 11,4 %, alors que l’immobilier mondial a connu une croissance de 12,1 %.

En ce qui concerne les titres à revenu fixe, la baisse des rendements obligataires a entraîné une hausse des prix et des rendements. L’indice des obligations à long terme FTSE TMX a augmenté de 6,9 %, tandis que l’indice FTSE TMX Universe a augmenté de 3,9 %.

« Les marchés boursiers nationaux et mondiaux se sont redressés, tandis que la volatilité qui a marqué le quatrième trimestre de 2018 s’est atténuée, souligne Claude Lockhead, associé exécutif chez Aon. Qu’en est-il maintenant? Les rendements obligataires sont en baisse et l’affaissement de la courbe des taux indique que les conditions économiques et de marché sont prudentes pour l’avenir. Cette tendance pourrait non seulement accroître le passif des régimes de retraite, mais aussi diminuer le rendement prévu des actifs à risque tout au long de l’année. »

Selon lui, les promoteurs doivent s’attendre à ce que les gains réalisés au cours des dernières années s’érodent très rapidement en raison de l’incertitude ambiante.