Les régimes de retraite canadiens ont acheté pour 5,2 G$ de rentes collectives auprès des assureurs en 2019, soit 600 M$ de plus qu’en 2018, selon un rapport de Willis Towers Watson.

La progression a toutefois été plus lente qu’en 2018, où les souscriptions avaient augmenté de 900 M$ par rapport à 2017.

Le marché a été particulièrement actif en fin d’année 2019, alors que 33 transactions totalisant 2,6 G$ ont été menées à terme lors du quatrième trimestre. Six transactions valant plus de 300 millions de dollars ont été conclues, soit deux fois plus que l’année précédente.

Contrairement à 2018 où la très grande majorité des transactions concernaient des rentes avec rachat des engagements (buy-out), l’année dernière, les promoteurs ont été plus nombreux à privilégier les rentes sans rachat des engagements (buy-in).

Parmi les souscriptions notables de 2019, Willis Towers Watson mentionne celles de Navistar Canada, West Fraser, Wabush Mines, Stelco, Rayonier Advanced Materials, Domtar, Iron Ore et Supremex.

Sun Life toujours en tête

Sun Life continue de dominer le paysage des rentes collectives au pays, avec une part de marché de 36 %. RBC occupe le deuxième rang (15 %), suivi de Brookfield (13 %). Industrielle Alliance (12 %), Canada Vie (11 %), BMO (9 %) et Desjardins (4 %) se sont partagés l’essentiel des autres souscriptions réalisées en 2019. À noter que SSQ Assurance à fait son entrée sur le marché des rentes collectives le 1er janvier 2020.

Du point de vue de la tarification, le taux d’actualisation conseillé par l’Institut canadien des actuaires (ICA) pour la souscription de rentes collectives non indexées se situait à 2,96 % le 31 décembre dernier, en baisse de 27 points de base comparativement à la même date l’année précédente. Cette diminution s’explique par le recul des taux à long terme du gouvernement du Canada.

En pratique, Willis Towers Watson a observé que les transactions réalisées en 2019, du moins jusqu’au mois de septembre, ont généralement été négociées à des taux inférieurs à ceux conseillés par l’ICA. En effet, plusieurs autres facteurs entrent en ligne de compte dans l’établissement des prix des rentes par les assureurs, notamment le profil de mortalité du régime, les rendements produits par les actifs, la taille de la transaction et la vigueur de la concurrence sur le marché.

Et si la demande surpassait l’offre?

Les promoteurs qui ont acheté des rentes collectives en 2019 ont bénéficié de la vigueur des marchés boursiers, qui a eu pour effet de renforcer la capitalisation de leur régime, mais aussi du rétrécissement de l’écart entre les taux de souscription de rentes et les taux d’actualisation comptable. Cela leur a permis d’effectuer des transactions avec rachat des engagements sans répercussions notables sur leur bilan.

Bien que l’offre des assureurs en matière de rentes collectives ait continué de surpasser la demande en 2019, Willis Towers Watson prévient que l’intérêt grandissant des régimes de retraite canadiens pour ce type de transactions pourrait éventuellement mener à un renversement de situation. Dans un tel scénario, la tarification deviendraient moins concurrentielle et les assureurs se montreraient plus sélectifs, ce qui pourrait pénaliser les régimes plus petits ou plus complexes.

Le marché des rentes collectives enregistre aussi une forte croissance ailleurs dans le monde. Aux États-Unis, les souscriptions ont dépassé 30 G$ US en 2019, et quatre mégatransactions de plus d’un milliard de dollars chacune ont été conclues. Au Royaume-Uni, la valeur des transactions a triplé en deux ans pour atteindre 41 milliards de livres en 2019.