Le système d’assurance médicaments public-privé du Québec est « obsolète » et doit être remplacé par un régime entièrement public, conclut une note de recherche de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).

« S’il a permis certaines avancées, force est de constater que le système actuel ne permet pas d’atteindre les objectifs souhaités en termes d’accessibilité, d’équité et de contrôle des coûts », affirme Dr Alain Vadeboncoeur, professeur à l’Université de Montréal et coauteur de la note.

Selon les données de l’IRIS, les dépenses per capita en médicaments au Québec sont 20 % supérieures à celles du reste du Canada et 80 % supérieures à celles de la moyenne des pays de l’OCDE. Malgré tout cet argent investit, le Québec obtient une « piètre performance » quant à l’accès aux médicaments lorsque comparé aux pays avec un régime public universel, soutient l’organisme de recherche, qui estime que la mise en place d’un tel régime au Québec permettrait de réaliser des économies annuelles de 3,8 G$.

Des intermédiaires qui coûtent cher

« Le système actuel favorise des intermédiaires qui profitent du système aux dépens de tout le monde », constate Marc-André Gagnon, professeur à l’Université Carleton et coauteur de la note.

Le chercheur expose le cas du Lipitor, l’un des médicaments les plus vendus au pays. Alors qu’il en coûte 44 $ aux États-Unis pour se procurer 500 comprimés de 20 mg, il faut débourser 204 $ au Québec pour obtenir la même quantité. Bien que le coût de détail soit plus bas au Canada, il faut ajouter 375 $ de frais de délivrance exigés au Québec par les intermédiaires, soit cinq fois plus que dans le reste du pays. Il s’agit là d’un exemple « révélateur d’un système de gaspillage institutionnalisé », affirme M. Gagnon.

Il soutient qu’un tel constat s’applique également aux médicaments génériques les plus vendus. Afin de contourner la réglementation sur les ristournes aux pharmaciens (plafonnées à 15 %), les grandes chaînes de pharmacie et les distributeurs vendent les génériques les plus prescrits sous leur marque maison, explique Marc-André Gagnon. « Ils achètent le médicament au plus bas prix du marché et les revendent au plein prix. Au final, les intermédiaires empochent une ristourne moyenne non pas de 15 %, mais de 89 %. »

L’IRIS n’est pas la seule organisation à réclamer un régime entièrement public d’assurance médicaments. La semaine dernière, l’Association des pharmaciens du Canada a demandé à Ottawa d’offrir une couverture universelle à tous les Canadiens, d’harmoniser la couverture des médicaments onéreux et de créer une liste nationale complète des médicaments assurés.