Si les rumeurs se confirment, Ottawa proposera dans son prochain budget de couvrir une partie des médicaments sur ordonnance plutôt que d’aller de l’avant avec un régime national entièrement public. Une approche bien accueillie par l’Institut économique de Montréal (IEDM)

Le think tank voit en effet d’un bon œil « la décision présumée d’Ottawa de ne pas aller de l’avant avec un régime national d’assurance médicaments entièrement étatique, par lequel le gouvernement deviendrait l’unique assureur. »

Une telle formule, déplore l’IEDM, empêcherait les travailleurs qui le souhaitent de continuer à bénéficier de leur couverture privée actuelle.

« Le gouvernement aurait raison de ne pas choisir la voie du monopole étatique et de conserver le modèle actuel mixte public-privé géré par les provinces, soutient Michel Kelly-Gagnon, président et directeur général de l’IEDM. Bien que l’idée d’un monopole étatique a fait du chemin auprès de certains au cours des dernières années, l’IEDM le répète depuis longtemps, un tel régime pénaliserait les Canadiens qui sont déjà couverts en leur retirant leur liberté de choix. »

L’IEDM ajoute que les Canadiens sont dans l’ensemble très satisfaits de la couverture que leur offre leur employeur par l’entremise d’assureurs privés, en s’appuyant sur un récent sondage qui montre que 90 % d’entre étaient opposés à une politique nationale qui menacerait les régimes collectifs actuels.

Des économies incertaines

L’institut de recherche soutient que la plupart des économies réalisées grâce à un régime entièrement public ne viendraient pas d’un pouvoir de négociation supérieur auprès des compagnies pharmaceutiques, mais plutôt d’un rationnement et de la réduction du nombre de médicaments disponibles.

« Les Canadiens doivent savoir que la couverture étatique ne sera assurément pas aussi généreuse que la couverture qu’offrent actuellement les employeurs par le biais des assurances privées, affirme M. Kelly-Gagnon. De plus, si l’accès aux médicaments est élargi via une couverture gouvernementale unique, celle-ci coûtera inévitablement encore plus cher aux contribuables. Or, il faut savoir que l’ancien directeur parlementaire du budget évoquait déjà d’importantes hausses d’impôt pour financer un tel programme. »

Pour aider les individus qui n’ont pas les moyens de payer leurs médicaments, soit environ 10 % des Canadiens, selon l’ancien directeur parlementaire du budget, l’IEDM prône plutôt l’implantation de mesures ciblées conçues spécifiquement pour cette portion de la population. « S’agissant d’une aide ciblée, il sera justement plus facile, sur le plan budgétaire, de leur offrir une couverture adéquate, voire même généreuse », souligne M. Kelly-Gagnon.