Les personnes qui consomment de l’alcool de façon régulière et modérée, soit environ deux verres standards par jour, 3-4 jours par semaine, bénéficient d’un risque amoindri de développer le diabète, selon une nouvelle publication scientifique d’Éduc’alcool.

La consommation excessive d’alcool a toutefois l’effet inverse. Ainsi, pour les femmes qui boivent plus de 3,7 verres par jour et les hommes qui consomment plus de 4,5 verres, le risque devient alors nettement plus important que chez ceux qui n’ont jamais bu d’alcool.

La publication a été révisée par le Dr Rémi Rabasa-Lhoret, professeur titulaire de recherche à l’Institut de recherches cliniques de Montréal.

« Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille viser ces limites supérieures, car à ce niveau, la consommation d’alcool augmente le risque de développer des maladies autres que le diabète, notamment certains cancers et certaines maladies cardiovasculaires », prévient le directeur général d’Éduc’alcool, Hubert Sacy.

Chez les personnes déjà atteintes de diabète, la consommation excessive d’alcool peut aussi entraîner des complications cardiovasculaires, rénales et visuelles, ainsi que des risques accrus d’hypoglycémie, ajoute-t-il.

Syndrome métabolique

La publication souligne en outre que le risque d’apparition d’un syndrome métabolique, qui se caractérise entre autres par un tour de taille important, de l’hypertension, une glycémie à jeun anormale et une résistance à l’insuline, est deux fois plus élevé chez les individus qui boivent plus de trois verres d’alcool par jour. Or, le syndrome métabolique augmente grandement le risque de diabète de type 2. Un Canadien sur cinq serait atteint de ce syndrome à l’heure actuelle. Son incidence croît avec l’âge.

Plus généralement, la consommation abusive d’alcool peut entraîner une inflammation du pancréas (pancréatite), réduisant ainsi sa capacité à produire de l’insuline et augmentant donc le risque de développer un diabète de type 2.

Éduc’alcool recommande ainsi aux personnes diabétiques de toujours manger avant ou pendant leur consommation d’alcool, et de s’en tenir aux limites de consommation d’alcool « à faible risque », c’est-à-dire 2 verres standards par jour et 10 par semaines pour les femmes, et 3 verres standards par jours pour un maximum de 15 par semaine pour les hommes.

La pandémie fait augmenter la consommation

La dernière édition de l’Indice de santé mentale de Morneau Shepell mettait en garde contre une inquiétante hausse de la consommation d’alcool chez les Canadiens.

Ainsi, 14 % des répondants consomment plus d’alcool qu’au début de la pandémie pour composer avec le stress accumulé et l’incertitude. Plus de la moitié des participants (52 %) ont indiqué qu’ils ont maintenu ce niveau de consommation d’alcool au cours des derniers mois (octobre 2020 à janvier 2021).

En outre, 9 % des répondants ont augmenté leur consommation d’alcool entre octobre 2020 et janvier 2021, comparativement au début de la pandémie. Les répondants dont la consommation d’alcool a augmenté au début de la pandémie ont aussi obtenu le score de santé mentale le plus faible (-20,7) comparativement à ceux qui ne boivent pas (-9,9) ou à ceux ayant réduit leur consommation d’alcool (-12,8).

En parallèle, un récent rapport d’Express Scripts Canada estime que plus de 20 000 Canadiens seraient atteints de diabète sans avoir été diagnostiqués en raison de l’accès plus difficile aux services de santé durant la pandémie. Lorsqu’ils sont instaurés tardivement, les traitements pour le diabète sont eux aussi plus intenses et coûteux, souligne le rapport.