La deuxième année de pandémie est la période idéale pour développer les avantages sociaux en matière de soins de la vue. 

Il est facile pour les employeurs d’accorder moins d’importance aux avantages sociaux de base comme les soins de la vue lorsqu’ils doivent faire face à une pandémie de coronavirus.

Alors que des offres, telles que les applications virtuelles de santé mentale, ont attiré l’attention des employeurs et des employés dans le cadre de la crise du coronavirus, les avantages en matière de soins de la vue peuvent être le genre d’offres plus discrètes qui aident les employeurs à attirer et à conserver les meilleurs talents.

Un regard neuf sur les avantages liés aux soins de la vue

Bien que le Canada dispose d’un solide système de santé publique, certains soins de santé oculaires – des examens semestriels aux montures de lunettes et aux lentilles – ne sont généralement pas couverts par les régimes financés par le gouvernement. Traditionnellement, les employeurs sont intervenus pour aider les employés et les personnes à leur charge à payer les coûts liés aux soins oculaires par le biais d’un régime d’avantages sociaux privé.

Bien que les prestations pour soins oculaires, comme les prestations pour soins dentaires, soient très courantes dans les régimes d’avantages sociaux canadiens, la plupart des employeurs feraient bien d’élargir leur vision de la couverture des soins oculaires, selon Kim Siddall, vice-présidente de la consultation d’entreprise de People Corporation Inc. pour l’ouest du pays. Elle conseille aux promoteurs de régimes d’examiner leur programme d’avantages sociaux pour le mesurer à leur philosophie en la matière.

Un guide des meilleures pratiques publié en 2020 par l’Association canadienne des optométristes souligne qu’une mauvaise vision coûte indirectement aux employeurs, car elle peut avoir des répercussions sur la productivité, l’absentéisme et la santé mentale des employés. Le rapport de l’association note également qu’en 2016, près d’un million de Canadiens ont manqué le travail ou l’école en raison de problèmes de vision.

De plus, selon le Dr Harry Bohnsack, optométriste, les yeux peuvent être une fenêtre sur d’autres maladies. Il explique que lors des examens oculaires, les optométristes peuvent détecter des maladies chroniques, comme le diabète ou l’hypertension artérielle, et qu’ils orientent alors souvent les patients vers des spécialistes. Selon lui, le dépistage précoce des maladies chroniques grâce aux examens de la vue peut, en fin de compte, entraîner des économies pour les employés et les régimes de santé des employeurs.

À la lumière de ce qui précède, M. Siddall affirme que les avantages liés à la vision devraient être considérés comme faisant partie d’une stratégie globale en matière d’avantages sociaux ; toutefois, souvent, « ils sont considérés comme un simple avantage pour les lunettes, plutôt que comme un outil de gestion proactive de la santé des employés ».

L’Association canadienne des optométristes a récemment publié une série de recommandations pour la conception des régimes de soins de la vue, soulignant la nécessité de couvrir les services de diagnostic et les interventions modernes, d’améliorer les prestations pour les personnes ayant des besoins plus élevés – comme la population active vieillissante – et de s’aligner sur les meilleures pratiques actuelles. L’association a également suggéré aux employeurs d’envisager de structurer leurs prestations de manière à inclure la majorité des services d’examen complet de la vue.

Chris Pryce, fondateur et président de Human Capital Benefits, suggère aux employeurs d’aligner les prestations de soins de la vue sur les besoins des employés en augmentant la couverture globale, en répartissant les montants pour les montures et les lunettes et en incluant un maximum distinct pour les examens de la vue.

Il ajoute que les conseillers et les employeurs devraient chercher des moyens créatifs de transférer le financement de ces avantages hors des programmes traditionnels, entièrement assurés, vers d’autres véhicules afin de réduire les frais administratifs. Selon M. Pryce, les frais d’administration des prestations de soins de la vue peuvent varier de 10 % à 40 %, selon la taille du régime, et plus le régime collectif est petit, plus les frais sont élevés – ce qui peut être lourd pour les petites et moyennes entreprises. « Les promoteurs de régimes pourraient choisir de rendre les prestations de soins de la vue auto-assurées, en les conservant par l’intermédiaire d’un fournisseur mais en dehors d’un contrat d’assurance standard, comme les comptes de dépenses de santé où les frais administratifs sont plus proches de 10 %. »

Des changements importants

Si les rouages de l’offre de prestations de soins ophtalmologiques de la plupart des employeurs n’ont pas beaucoup changé ces dernières années, le comportement des patients a évolué de manière significative en réponse à la pandémie.

Selon un rapport publié en septembre 2020 par la plateforme de comparaison d’assurances Hellosafe.ca, les Canadiens ont évité un certain nombre de prestataires de soins de santé pendant la première vague de la pandémie, ce qui a entraîné une baisse de 71 % des paiements d’assurance maladie privée au cours des six premiers mois de 2020. Et les rendez-vous chez l’opticien et le dentiste ont chuté de plus de 90 % au cours du premier semestre de 2020 par rapport à la même période en 2018, et les rendez-vous chez les spécialistes ont chuté de 73 %. Selon l’Association des optométristes de l’Ontario, pendant la première vague de la pandémie, les visites chez l’ophtalmologue ont diminué de 50 %. L’association professionnelle s’attend à la perte de près de deux millions d’examens complets de la vue entre juin 2020 et mai 2021, en raison de directives strictes en matière d’éloignement physique et de contrôle des infections.

Compte tenu de la baisse significative du nombre de visites, les demandes de prestations pour soins oculaires ont probablement également diminué au cours des 13 mois (et plus) qui ont suivi la déclaration officielle de la pandémie mondiale. L’impact éventuel de cette situation sur la santé oculaire des employés n’est pas encore totalement connu.

Mais, selon le Dr Bohnsack, en général, il a constaté que ses patients passent plus d’heures à la maison devant des écrans d’ordinateur le jour et devant des écrans de télévision et d’appareils mobiles la nuit, ce qui entraîne une augmentation des cas de fatigue oculaire. Les changements significatifs de comportement dus à l’enfermement et aux conseils de distanciation sociale signifient qu’il a vu de nombreux patients qui présentent maintenant des symptômes de fatigue oculaire, tels que des yeux rouges, des yeux douloureux, des maux de tête et des problèmes posturaux, en raison du temps passé devant un éventail d’appareils technologiques.

Ce texte a été publié initialement Benefits Canada .