Les employés canadiens auront droit aux plus faibles augmentations salariales en plus de 20 ans, prévoit une enquête de Morneau Shepell.

Une hausse salariale de 2,1 %, voilà ce que les employeurs du pays envisagent d’accorder à leur personnel en 2017, selon l’enquête annuelle Tendances en ressources humaines réalisée par la firme de services-conseils. Il s’agit d’une tendance à la baisse par rapport à l’augmentation moyenne de 2,5 % qui avait été prévue pour 2016. À noter que cette moyenne tient compte des gels de salaire anticipés, mais exclut les rajustements salariaux attribuables à des promotions ou à d’autres causes particulières.

« Compte tenu de la faiblesse des prix du pétrole et de la lenteur de la croissance économique, les employeurs restent prudents, affirme Michel Dubé, directeur du groupe de Services-conseils en rémunération de Morneau Shepell. Notre enquête montre que les augmentations salariales réellement accordées cette année ont atteint en moyenne 2,1 % et que les employeurs prévoient maintenir ce même taux en 2017. Il s’agit des plus faibles prévisions d’augmentation salariale en plus de vingt ans. »

Les augmentations de salaire seront particulièrement anémiques dans les secteurs minier, pétrolier et gazier, avec une moyenne de seulement 0,6 %. À l’autre bout du spectre, les prévisions d’augmentations salariales les plus élevées sont observées dans les secteurs économiques relativement bien portants, comme celui des services professionnels, scientifiques et techniques, où elles atteignent 2,8 %, et celui des services financiers et de l’assurance, à 2,7 %. Le secteur manufacturier est aussi légèrement au-dessus de la moyenne à 2,4 %, compte tenu de la hausse de l’activité manufacturière favorisée par la faiblesse du dollar canadien.

C’est en Alberta, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Saskatchewan que les travailleurs verront leur salaire stagner le plus. Au Québec, les augmentations devraient s’approcher de la moyenne nationale.

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La santé, une priorité

Prudents sur la question des salaires, les employeurs envisagent plutôt de mettre l’accent sur l’amélioration de la santé et de l’engagement de leur main-d’œuvre. Selon le sondage de Morneau Shepell, les trois quarts des répondants ont indiqué que le renforcement de l’engagement des employés constituerait une priorité, et 59 % ont également mentionné l’amélioration de la santé mentale ou physique à ce titre.

Par ailleurs, plus de 60 % des employeurs ont indiqué qu’ils prévoient faire une plus grande promotion de leur programme d’aide aux employés (PAE) dans le but d’améliorer la santé mentale et la résilience de ceux-ci. Environ le quart des employeurs comptent offrir à leurs gestionnaires des formations portant sur la santé mentale, et à leurs employés, des formations visant à améliorer leurs capacités d’adaptation.

« Nous constatons que les opinions des employeurs à l’égard de la santé, de l’engagement et de la productivité tendent à converger, selon Paula Allen, vice-présidente, Recherche et solutions intégratives chez Morneau Shepell. Auparavant, ils considéraient ces trois enjeux comme indépendants, mais ils ont maintenant compris qu’il existe une étroite corrélation entre la santé des employés et la productivité. »

En conséquence, de plus en plus d’employeurs manifestent de l’intérêt pour des outils de mesure qui évaluent la santé globale des employés – non seulement la santé physique et mentale, mais également la santé de leur vie professionnelle et personnelle, notamment la santé financière – et leur capacité à relever les défis que présentent ces domaines.

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La retraite inquiète

Alors que les régimes de retraite à prestations déterminées et les avantages sociaux pour les retraités se font de plus en plus rares, les entreprises cherchent de nouvelles façons de soutenir leurs employés.

« Les employés se trouvent souvent laissés à eux-mêmes lorsqu’ils prennent leur retraite, note Randal Phillips, vice-président exécutif et chef du service à la clientèle de Morneau Shepell. Ils doivent faire des choix difficiles parmi des options d’assurance et des outils de placement relativement onéreux. Souvent, ils évaluent mal à quel rythme ils peuvent puiser dans leur épargne de façon sécuritaire afin d’éviter que celle-ci ne s’épuise trop rapidement, ainsi que le montant d’assurance dont ils auraient besoin en cas de problèmes de santé imprévus. »

C’est ainsi que 60 % des employeurs interrogés ont mentionné être préoccupés par l’état de préparation financière de leurs employés en vue de la retraite. Environ le quart d’entre songent d’ailleurs à offrir des options de décaissement aux retraités, s’ils ne le font pas déjà. Ils manifestent aussi un intérêt croissant envers des options d’assurance concurrentielles pour les retraités grâce aux marchés d’avantages sociaux qui ont récemment fait leur apparition sur le marché canadien.

L’enquête annuelle Tendances en ressources humaines a été réalisée entre la mi-juin et la fin de juillet 2016, et couvre les prévisions d’organisations employant 840 000 personnes au Canada.

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