Les employeurs ont grand besoin des avantages sociaux pour attirer et retenir les meilleurs employés, mais leur pérennité est souvent mise en péril par une multitude de risques financiers. Et pour pouvoir gérer ces risques, il faut d’abord les mesurer.

Qu’il s’agisse de la hausse du coût des médicaments et de la montée de l’absentéisme dans les régimes d’assurance collective, ou encore du niveau de maturité élevée et du manque d’épargne dans les régimes de retraite, de nombreux facteurs peuvent pousser à la hausse le coût des régimes.

« Il faut trouver des indicateurs de performance qui permettent de positionner chacun des risques identifiés face à leur tendance et à des comparables dans le marché », a conseillé Nicolas-Pierre Bergeron, associé, assurance collective chez Normandin Beaudry lors du Congrès international francophone des ressources humaines qui s’est tenu la semaine dernière à Montréal.

Suivre l’évolution des risques liés aux avantages sociaux au fil des années en les quantifiant permet aux promoteurs de régimes de s’attaquer en priorité aux facteurs les plus problématiques, ajoute-t-il.

Le défi des médicaments

Du côté des assurances collectives, le plus grand risque qui guette les régimes est sans nul doute la flambée du prix des médicaments d’ordonnance. Dans un régime qui compte 1000 employés par exemple, une réclamation de 60 000 $ fera augmenter de 6 % les primes, a démontré Nicolas-Pierre Bergeron.

De là l’importance de surveiller de près l’évolution des coûts. Comment? En se basant sur le montant total des médicaments payés par le régime, la fréquence des réclamations de même que la prévalence des différentes classes thérapeutiques, c’est-à-dire les maladies chroniques associées aux médicaments remboursés.

À lire : Médicaments : un régime universel ferait-il baisser les prix?

L’interprétation de ces données pourra être utile dans l’implantation de solutions adaptées, notamment la création de plans d’action personnalisés pour les assurés à risque et la mise en place de coaching santé grâce aux ressources offertes par les assureurs (suivi avec une infirmière par exemple).

Contrôler l’absentéisme

L’absentéisme coûte chaque année l’équivalent de 4 % de la masse salariale des entreprises, a affirmé Nicolas-Pierre Bergeron. Le problème, c’est qu’il s’agit d’une réalité peu quantifiée par de nombreuses entreprises. Un des indicateurs à surveiller de près est la durée moyenne des congés d’invalidité de courte durée. Car plus une invalidité de courte durée s’allonge, plus elle risque de se transformer en une coûteuse invalidité de longue durée.

D’autres données, telles que les causes d’invalidité ainsi que les secteurs d’activité de l’entreprise les plus touchés sont d’une importance capitale. Plus ces données seront nombreuses et précises, plus il sera facile d’élaborer des programmes de retour au travail efficaces. Ces derniers devraient par exemple inclure des formations pour les gestionnaires ainsi que certains accommodements pour les employés concernés, comme des retours progressifs au travail (temps partiel, tâches réduites, etc.).

Garder la maturité des régimes PD à l’oeil

Les déficits actuariels des grands régimes de retraite à prestations déterminées (PD) du secteur privé ont fait les manchettes au cours des dernières années. Dans la plupart des cas, ils ont mené à la fermeture des régimes pour les nouveaux employés.

« Certaines terminaisons de régimes PD auraient pu être évitées si le risque de maturité avait été géré plus tôt », a assuré Katie Trahan, associée, retraite et épargne chez Normandin Beaudry.

À lire : Hypothèses actuarielles : quel taux d’intérêt utilisent les régimes québécois?

L’une des façons les plus simples de mesurer la maturité d’un régime PD est de faire le ratio du passif du régime et de la masse salariale de l’entreprise. Si celui-ci est inférieur à 3, le régime est peu mature et pourra sans trop de problèmes amortir les soubresauts des marchés. Si au contraire le ratio est supérieur à 5, le poids des retraités est très important face à celui des participants actifs, rendant le régime plus fragile.

En constatant que leur régime est très mature, les promoteurs pourraient par exemple se tourner vers des solutions comme l’achat de rentes auprès de compagnies d’assurance

Les régimes CD ne sons pas sans risques

Les enjeux sont totalement différents, mais tout aussi complexes dans les régimes de capitalisation. Les régimes incapables de générer assez d’argent pour les participants causeront chez eux un stress financier qui mettra à mal leur productivité. « Malgré une cotisation fixe pour l’employeur dans les régimes CD, les risques sont bien présents », a insisté Katie Trahan.

Pour s’assurer que leurs employés épargnent suffisamment, les promoteurs peuvent vérifier le niveau de cotisation atteint selon chacun des groupes d’âge de l’entreprise, ainsi que leur répartition en actions. Cette dernière devrait normalement être plus élevée chez les jeunes employés.

Une fois ces données amassées, différentes approches peuvent être tentées pour pousser les employés de la génération Y à tirer davantage profit de leur régime : capsules web, réalité augmentée, engagement à verser leurs futures augmentations salariales en cotisations supplémentaires au régime, etc. Plus fondamentalement, les employeurs auraient peut-être intérêt à faire la promotion de l’épargne au sens large plutôt que d’insister sur la planification de la retraite, une notion plutôt abstraite pour les jeunes travailleurs, propose Katie Trahan.

À lire : Plus d’un tiers des Y n’ont pas de placements