En assurance collective, la bonne gouvernance dépend considérablement d’une communication efficace et en temps utile, prévient Lyne Duhaime, présidente de l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP).

Lors de l’embauche, l’employeur doit s’assurer de bien informer le nouvel employé sur les garanties auxquelles il a droit. « Une bonne pratique consiste aussi à expliquer les changements qui surviennent au fil du temps », ajoute Mme Duhaime. D’ailleurs, la communication est la clé pour éviter les poursuites judiciaires, notamment lorsqu’un changement de couverture survient. « Ainsi, si l’employeur met fin à l’assurance voyage de ses employés sans les en aviser, cela pourrait entraîner des poursuites judiciaires de la part d’employés qui partent en voyage en pensant être couverts », explique la présidente de l’ACCAP.

Le défi de la communication s’avère encore plus grand dans le cas de régimes flexibles qui obligent l’assuré à faire des choix. Ces derniers doivent être bien expliqués par l’assureur et le promoteur. « Il faut s’assurer d’avoir les bons outils pour déterminer les meilleures options et que personne ne se retrouve avec des choix par défaut qui ne correspondent pas à ses besoins, précise Lyne Duhaime. Si 60 % des employés se prévalent des options par défaut, c’est un indice qu’il faut améliorer la communication. L’employeur peut, en collaboration avec ses consultants et son assureur, développer de meilleurs outils de communication.» L’information peut être transmise par l’assureur, mais la présidente de l’ACCAP recommande aux grandes entreprises de développer leur propre plateforme web pour communiquer avec leurs employés.

Anticiper les problèmes

S’assurer d’une gouvernance optimale des régimes d’assurance collective permet d’anticiper d’éventuels problèmes. Les experts constatent souvent que les promoteurs procèdent très rarement à une analyse des réclamations, à tort. « L’absentéisme fait partie des indicateurs de performance, rappelle Michel Nadeau, directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques (IGOPP).. Ce sont des données qui peuvent indiquer certains malaises au sein du personnel. Cela peut être le reflet de tensions, de difficultés dans l’entreprise. Les régimes d’assurance collective sont des indicateurs qu’il faut suivre.» Le directeur général de l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques constate cependant que le suivi des réclamations est rare, même si le Sondage Sanofi Canada 2016 a révélé que 77 % des promoteurs voudraient en savoir plus sur le taux d’absentéisme et sur ses causes. « Il faut demander les taux d’absentéisme, les taux de consommation de médicaments, car ce sont des indicateurs de l’état des ressources humaines », insiste-t-il.

Se tourner vers l’avenir

Les experts le répètent : la bonne gouvernance des régimes d’assurance collective permet de réduire les risques judiciaires et financiers, mais aussi d’améliorer la performance de l’entreprise. « Il y a un manque d’intérêt de la part des dirigeants d’entreprise », constate Michel Nadeau. « Ils sont souvent plus réactifs que proactifs, ajoute Cathy Croteau, conseillère principale, assurance collective chez Normandin Beaudry. Ils réagissent à une hausse de coût au lieu de prévoir un plan d’action sur plusieurs années. Pourtant, ils auraient intérêt à prévoir un plan de gouvernance, car les coûts prendront de plus en plus de place. Il faut essayer d’anticiper ce que nous réserve l’avenir. »

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