Près de 30 % des travailleurs et des étudiants se sentent agressés par le bruit sur leur lieu de travail ou d’étude, comparativement à seulement 11 % chez ceux qui sont en télétravail, révèle un nouveau sondage dont les résultats ont été partagés avec La Presse Canadienne.
De même, presque 70 % des Québécois affirment être plus gênés que jamais par les sons forts de l’environnement, ajoute l’étude commandée par Audition Québec à la firme BIP Recherche.
Les résultats du sondage ne m’ont « pas surpris du tout parce que ça fait des années que les audiologistes nous avertissent des effets du bruit », a réagi Paul-André Gallant, le président de l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec.
Un tiers des participants à l’enquête ont dit être incommodés aussi bien le jour que la nuit.
La présence presque constante de bruits dans notre environnement engendre une fatigue, une irritabilité et une perte de concentration chez 62 % des Québécois ainsi que de la nervosité et de l’agressivité chez 36 % d’entre eux.
Les Québécois sont nombreux à éprouver des difficultés fréquentes à suivre les conversations dans différents environnements, qu’il s’agisse des espaces publics (32 %) ou du travail ou de l’école (19 %). De plus, 55 % des Québécois affirment avoir des acouphènes (un bruit incessant dans les oreilles) au moins occasionnellement.
« Oui, ce sont des chiffres élevés, mais je pense que ce sont des chiffres qui sont justes, a dit M. Gallant. C’est qu’au-delà de la perte auditive, il y a la perte du message que le bruit engendre et qui peut engendrer des difficultés de compréhension, d’attention, de la frustration, etc. »
On ne doit pas seulement s’inquiéter des situations extrêmes, a dit M. Gallant, comme d’habiter près d’un aéroport ou d’assister à un concert d’AC/DC, mais aussi et peut-être même surtout du « bruit environnemental constant dans lequel on vit et auquel, malheureusement, on s’habitue », et dont on ne prend conscience que lorsqu’on se retrouve enfin plongé dans le silence.
Au-delà des problèmes de surdité qui pourront s’installer à long terme, une exposition constante au bruit pourra se traduire par des difficultés de concentration, de l’insomnie et des acouphènes.
« On ne va pas penser que ça peut être le bruit qui peut faire ça et on va attribuer ça à d’autres choses et on va traiter, a dit M. Gallant. Malheureusement, c’est quelque chose qu’il faut régler à la source. »
Même les participants au sondage qui ont rapporté être moins agressés par le bruit en télétravail qu’en présentiel idéalisent possiblement un peu ce qu’ils vivent à la maison, a-t-il ajouté.
« En télétravail, on est souvent en réunion en continu et on va porter des écouteurs et souvent des écouteurs qui ne sont pas à la hauteur et donc on va augmenter le son, a dit M. Gallant. Pendant ce temps-là, on va faire une petite brassée de linge, puis on va augmenter le son de nos écouteurs pour être sûr de bien entendre notre réunion et le volume va être en continu toute la journée. On s’est aperçus qu’il y a beaucoup de travailleurs à la maison qui ont eu des problèmes reliés au bruit. »
S’il est possible de poser des gestes individuels pour se protéger du bruit, « la société doit se rendre compte que c’est un réel problème de santé publique », a lancé M. Gallant en conclusion
Ces résultats proviennent d’un sondage en ligne réalisé auprès de 1000 Québécois par BIP Recherche du 30 mars au 12 avril 2021, auprès de panélistes de BIP Recherche. La marge d’erreur associée à un échantillon de cette taille est de 3,1 %, et ce, 19 fois sur 20.