Souvent sous-estimées, voire ignorées, les nuisances sonores au travail ont des conséquences majeures sur la santé et la qualité de vie des employés. À tel point qu’une récente étude réalisée en France conclut qu’il s’agit d’un enjeu de santé publique.

Ce sondage mené par l’Association JNA, un organisme français de prévention dans le domaine de l’audition, révèle que 59 % des quelque 1000 employés interrogés se disent personnellement gênés par les nuisances sonores sur leur lieu de travail, contre 52 % en 2017. Les jeunes âgés de 18 à 24 ans sont encore plus sensibles à la problématique : 65 % sont dérangés par le bruit sur leur lieu de travail, rapporte L’Ouïe Magazine.

Le tiers des répondants (34 %) considèrent même que un niveau réduit de bruit et de nuisance sonore à leur poste de travail est plus important que le sentiment de confort de l’environnement de bureau, que l’éclairage, que l’emplacement et que la température ambiante.

Pas un caprice

Le bruit excessif en milieu de travail est très loin d’être une simple question de confort. Pas moins de 72 % des personnes qui se disent importunées par des nuisances sonores excessives affirment que la qualité du travail fourni en souffre. Trop de bruit aurait pour effet de ralentir le rythme de travail et de rendre la concentration plus difficile.

Pire encore, le bruit affecterait négativement la santé de bon nombre de salariés. Ainsi, 83 % des répondants affirment qu’il cause de la fatigue, de la nervosité, de l’agressivité et de la lassitude, 69 % qu’il est responsable de somnolences, de maux de tête et d’anxiété, et 57 % qu’il est à l’origine de troubles auditifs, comme des bourdonnements, de l’hypersensibilité au bruit et de la surdité.

Certains travailleurs soulignent également les difficultés de compréhension causées par les nuisances sonores, autant lors des conversations téléphoniques que lors des réunions.

Dans le cas des emplois à risque, notamment dans le domaine de la construction, le bruit excessif peut même rendre difficile la perception des signaux d’alertes, ce qui surexpose les travailleurs à de potentiels dangers physiques sur le lieu de travail.

En analysant les résultats de son étude, l’Association JNA en vient à la conclusion que « l’ampleur des effets extra-auditifs du bruit semble sous-estimée tant par les employés que par les employeurs ». L’organisme regrette que peu d’entreprises à ce jour ait imaginé des solutions pour réduire le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail. « L’intégration des mécanismes des effets extra-auditifs du bruit au travail représente un enjeu majeur pour optimiser les programmes de santé et de qualité de vie au travail », conclut l’étude.