Au cours des 18 derniers mois, Mercer a mis à jour son étude « Dans la tête des employés » (« What’s Working »), en recueillant les opinions de près de 30 000 employés dans 17 marchés du travail différents.

Mercer a sondé leur état d’esprit à l’égard de leur travail et de leur employeur. Cette étude trace le portrait du niveau d’engagement des employés et de la manière dont les employés à travers le monde réagissent face à ce que leur offre actuellement le marché de l’emploi en matière de produits collectifs et d’avantages sociaux.

Des tendances mondiales
Une des principales conclusions de l’étude est que l’engagement des employés s’effrite, et ce partout dans le monde. La crise économique de 2008 en est la principale cause: à travers le monde, les mises à pied, la réduction des avantages sociaux, de la formation et des salaires, la perte de la sécurité d’emploi et la limitation des possibilités d’avancement sont autant de catalyseurs à la démotivation des employés.

La nouvelle réalité mondiale est que la plupart des employeurs investissent beaucoup moins dans leur personnel, ce qui irritent les employés. Même dans les pays où les niveaux d’engagement sont traditionnellement plus élevés que ceux qui ont été moins affectés par la crise de 2008, on peut observer un profond changement de l’état d’esprit et des opinions des travailleurs.

Les employés sondés rêvent bien évidemment de retrouver leurs avantages sociaux et leurs régimes de retraite généreux, leurs hausses de salaire annuelles et leur sécurité d’emploi, cependant ils ont intégré — à contrecœur, selon Mercer — qu’il n’y aura pas de retour en arrière. Ce qui les frustrent, de façon générale, n’est pas tant l’effritement de la proposition de valeur de leur employeur, mais que celui-ci, selon eux, ne tient pas ses promesses et n’offre pas une proposition redéfinie en fonction du contexte économique. En effet, les employés disent être prêts à des compromis pourvu qu’ils obtiennent les avantages sociaux utiles à leur situation actuelle, comme obtenir plus de formation et, en échange, composer avec la perte de la sécurité d’emploi. Ils estiment ainsi pouvoir au moins, avec la formation obtenue, se trouver un emploi plus facilement en cas de mise à pied. Ils acceptent aussi de se contenter de bonis à la performance, et de renoncer aux hausses de salaire annuelles.

C’est ce qui pousse Mercer à dire que les employeurs devraient se poser la question suivante : « Comment redéfinir la proposition de valeur faite aux employés, afin de répondre aux besoins et demandes actuels des employés? »

Et le Canada dans tout ça?
C’est en Amérique du Nord que le désengagement des employés est le plus élevé. Plus du tiers des travailleurs canadiens et états-uniens avouent chercher un emploi ailleurs. Au Canada, c’est donc 36 % des travailleurs qui épluchent les petites annonces pour trouver un autre emploi, alors que cette proportion était de 26 % en 2006. Un peu moins du quart (22 %) disent être encore incertains quant à savoir s’ils gardent leur emploi actuel ou s’ils en cherchent un autre. Ce phénomène est encore plus important chez les jeunes employés puisque 43 % des employés âgés de 25 à 34 ans et 45 % des 24 ans et moins pensent à changer d’emploi.

Près de la moitié des travailleurs (48 %) affirment que les avantages sociaux sont un élément déterminant d’un changement d’emploi. Les deux tiers (66 %) affirment bénéficier de bons avantages sociaux, 53 % disent qu’ils ne sont ni meilleurs ni pires que les avantages offerts dans les autres entreprises de leur secteur, une baisse de 12 % par rapport à 2006.

Pour les travailleurs canadiens, le salaire est l’élément le plus important quand vient le temps de choisir un emploi. Plus de la moitié d’entre eux (53 %) disent être satisfaits du salaire de base offert par leur employeur et 58 % croient qu’ils sont payés honnêtement compte tenu de leur performance et de leur contribution au travail. Cependant, de moins en moins d’employés comprennent comment leur salaire est déterminé, puisque la proportion est passée de 82 % en 2006 à 74 % aujourd’hui.

Un bon régime de retraite est le deuxième élément le plus important quand vient le temps de choisir un emploi pour les Canadiens. Cependant, 43 % d’entre eux croient qu’ils en font assez pour se préparer financièrement pour leur retraite et 40 % affirment que leur employeur en fait assez pour les aider à s’y préparer.

Le type de travail est le troisième élément déterminant pour les travailleurs au Canada. Plus des trois quarts (78 %) des Canadiens disent aimer leur travail.

Quarante-neuf pour cent (49 %) des Canadiens assurent que leur entreprise fait du bon travail afin de développer leur plein potentiel, une hausse de 6 % par rapport à 2006. Seulement 42 % des employés considèrent que les promotions qu’offre leur employeur vont aux personnes qui le méritent le plus. Et plus de la moitié des Canadiens (54 %) considèrent qu’ils pourront réaliser leurs objectifs de carrière chez leur employeur actuel.

Quant à la gestion d’entreprise, 53 % des employés considèrent que leurs employeurs font un bon travail en ce sens, une baisse de 3 % par rapport à 2006. Soixante-et-onze pour cent (71 %) sont convaincus que leur entreprise aura du succès dans l’avenir. Mais, alors que 69 % des Canadiens affirmaient en 2006 que la sécurité d’emploi offerte par leur employeur était aussi bonne ou meilleure que dans une autre entreprise de leur secteur, cette proportion est tombée à 57 % en 2012.

Finalement, les deux tiers des travailleurs du pays déclarent que leur charge de travail est raisonnable et que l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée est bien juste. Quant à la flexibilité (horaire, conciliation travail-famille, etc.), 54 % assurent en disposer et l’étude démontre qu’il s’agit là d’un élément important pour les femmes et les jeunes.