Dr Yves Robitaille Interniste / Hôpital Pierre-Le Gardeur/CISSS de Lanaudière

Un adulte sur quatre et un enfant sur dix sont obèses au Canada. Et contrairement à une croyance bien répandue dans la population, l’obésité est une vraie maladie dont les causes sont généralement bien plus profondes que le simple style de vie. Comment employeurs et assureurs peuvent-ils soutenir les employés touchés?

« On parle d’obésité lorsque l’indice de masse corporelle (IMC) d’une personne dépasse 30, explique le Dr Yves Robitaille, interniste à l’Hôpital Pierre-Le Gardeur ainsi qu’au Centre de Médecine Métabolique de Lanaudière. Il s’agit d’une vraie maladie. Ce n’est pas seulement une question d’équilibre entre l’apport et les dépenses énergétiques. La littérature médicale est farcie d’exemples de gens qui sont incapables de maigrir. En essayant de perdre du poids, certaines personnes vont secréter davantage d’hormones qui vont stimuler la faim et enrayer la sensation de satiété. »

Le médecin souligne qu’une foule de facteurs peuvent causer l’obésité en dehors du mode de vie, notamment l’environnement familial, la génétique, les problèmes comportementaux, les problèmes de sommeil et la prise de certains médicaments, particulièrement les antidépresseurs.

Les conséquences, elles, sont loin d’être seulement esthétiques. L’obésité est associée à une foule de complications métaboliques, telles que l’hypertension, le diabète, l’hypercholestérolémie, l’arthrose et certains cancers.

Couverture insuffisante?

Ces comorbidités ont évidemment un effet négatif sur la productivité des travailleurs touchés. En 2006, les coûts directs et indirects liés à l’obésité, ce qui inclut l’absentéisme et le présentéisme, ont atteint 7,1 G$ au Canada.

Bien que le Dr Yves Robitaille salue le fait que les employeurs soient de plus en plus sensibilisés à la problématique et nombreux à offrir des programmes pour venir en aide à leurs employés souffrant d’obésité, il estime que la maladie est encore mal couverte par les régimes d’assurance collective.

Du point de vue pharmacologique, le médecin soutient que seulement 40 % des régimes d’employeurs couvrent les médicaments utilisés pour traiter l’obésité.

« Ce qui m’insulte, c’est que certains régimes les couvrent, mais jusqu’à un maximum de 500 $ par année. Ça représente un mois de traitement. Pour moi, c’est l’équivalent de tendre un bonbon à un enfant, le déballer, puis au moment où il vient pour le prendre, lui enlever », s’insurge-t-il.

Des études ont également démontré la grande valeur thérapeutique de l’encadrement des personnes souffrant d’obésité par des nutritionnistes et des kinésiologues. Or, bien des régimes ne remboursent pas, ou très peu, les frais de consultation avec ces professionnels, déplore le Dr Robitaille. « C’est sur ce point que les employeurs peuvent le plus aider leurs employés. »

Il souligne qu’une approche thérapeutique à trois axes (nutrition, kinésiologie et médication) se révèle parfois presqu’aussi efficace qu’une chirurgie bariatrique, tout en étant beaucoup moins « invasive ».

« Les employés souffrant d’obésité sont stigmatisés, ils viennent à penser que tout est de leur faute et qu’ils ne méritent pas que leur employeur les aide. Ça vaut la peine d’ouvrir le dialogue et d’encourager les gens à demander de l’aide. »

Pour télécharger la présentation en format pdf, cliquez ici.

<<<<Présentation précédente RETOUR AU SOMMAIRE Lire article suivant>>>>