Les employeurs canadiens qui mettent en place la semaine de travail de quatre jours constatent une augmentation du bonheur et de la productivité des travailleurs.
Presque tous les employeurs canadiens qui ont mis en place une semaine de travail de quatre jours constatent une augmentation du bonheur de leurs employés (96 %) et affirment qu’ils maintiendraient cet horaire indéfiniment (93 %), selon un nouveau rapport de l’Université York.
Le rapport, qui analyse les réponses d’une trentaine d’entreprises canadiennes des secteurs public et privé ayant adopté la semaine de travail de quatre jours, révèle que la majorité des répondants (90 %) affirment que la productivité des employés a augmenté ou est demeurée la même, tandis que 86 % d’entre eux disent avoir constaté une amélioration du recrutement et du maintien en poste du personnel.
Bien que l’intérêt des employeurs pour la semaine de travail de quatre jours ait gagné en popularité parallèlement à l’augmentation du nombre d’emplois précaires tels que le gig work, la pandémie de coronavirus a accéléré le passage à un horaire comprimé, explique Carlo Fanelli, professeur agrégé d’études sur le travail et la main-d’œuvre à l’Université York et coauteur du rapport.
En effet, les trois quarts (73 %) des employeurs ayant participé à l’étude ont cité la pandémie comme un facteur clé dans la mise en œuvre de la semaine de travail de quatre jours. « Depuis les années 1990, le concept ou la question du travail précaire, souvent mal rémunéré et non syndiqué, saisonnier ou contractuel, a pris de l’ampleur. Il était intéressant de voir, en particulier dans le contexte de la pandémie, de nombreux employeurs expérimenter des moyens d’attirer et de retenir les bons travailleurs. »
En proposant une semaine de travail de quatre jours, les employeurs peuvent également se démarquer de la concurrence sur un marché du travail difficile, ajoute M.Fanelli. Un employeur peut offrir des salaires comparables à ceux d’autres entreprises, mais il peut aussi dire : « Nous offrons quelque chose qu’ils n’offrent pas : l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. »
Le rapport cite également les résultats d’essais de la semaine de travail de quatre jours menés dans d’autres pays. Par exemple, lors d’un essai mené en Islande entre 2015 et 2019, les employeurs participants ont fait état d’une amélioration de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, de la santé globale des employés et d’une réduction du stress, le succès de l’essai ayant incité de nombreux syndicats du pays à faire pression pour l’adoption d’une semaine de travail de quatre jours lors des négociations avec les employeurs.
De même, lors d’un essai mené au Royaume-Uni en 2022, le chiffre d’affaires a augmenté de 35 % par rapport aux périodes similaires de l’année précédente, tandis que les taux de stress et d’épuisement des employés ont chuté respectivement de 33 % et de 71 %.
Selon M. Fanelli, les alternatives à la semaine de travail traditionnelle de cinq jours posent certains problèmes : la fatigue accrue des travailleurs est une préoccupation potentielle pour les entreprises des secteurs qui exigent un travail physiquement exigeant et/ou en plein air, ainsi que pour les employeurs qui compriment une semaine de travail de 40 heures en quatre jours, par opposition à ceux qui réduisent à la fois le nombre de jours et le nombre d’heures dans une semaine de travail.
Toutefois, chez ces employeurs, les avantages d’un horaire comprimé l’emportent sur les inconvénients. « Ces employeurs ont déclaré qu’un horaire comprimé posait des problèmes qu’il fallait résoudre », explique-t-il. Mais lorsque je leur ai demandé s’ils souhaiteraient revenir en arrière, ils m’ont répondu : « Non, nous ne voudrions pas revenir en arrière – c’est toujours une amélioration [par rapport à la semaine de travail de cinq jours]. »
Ce texte a été publié initialement sur Benefits Canada.