Travailler du confort de son foyer n’est pas synonyme de calme et de sérénité. Les télétravailleurs pourraient même ressentir un niveau de stress plus élevé que les travailleurs de première ligne, selon un sondage mené à Singapour.

En effet, 61 % des employés qui travaillent de la maison ont rapporté souffrir de stress dans le cadre de leur emploi, comparativement à 51 % des employés qui œuvraient en première ligne lors de la pandémie.

La même tendance a été observée dans la vie personnelle des participants à l’étude : 51 % des télétravailleurs disent se sentir stressés par rapport à seulement 32 % des travailleurs de première ligne, rapporte The Straits Times, un quotidien de Singapour.

Le sondage mené aux mois de mai et juin auprès de 1 407 travailleurs par la National University of Singapore Health System permet de constater que ce sont surtout les femmes qui ressentent de l’anxiété en travaillant de la maison. Le fait que ce sont elles qui assument encore la majorité des responsabilités familiales et domestiques pourrait expliquer pourquoi elles sont plus stressées que les hommes, et aussi pourquoi elles se disent plus anxieuses que les travailleurs de première ligne. En étant toujours à la maison, elles ressentiraient davantage le poids des responsabilités familiales que les femmes qui travaillent à l’extérieur du domicile.

Une enquête française publiée au mois de juin en était venue à des conclusions similaires, soulignant qu’il est très difficile pour les femmes de maintenir un équilibre entre leur vie privée et leur vie professionnelle en contexte de télétravail à temps plein. Ce phénomène tend à « fragiliser l’équilibre familial », note l’étude.

Les jeunes plus à risque

Outre les femmes, les jeunes travailleurs de moins de 45 ans sont également plus à risque de souffrir d’anxiété et se montreraient moins résilients du point de vue de la santé mentale que leurs collègues plus âgés. Par exemple, 50 % des jeunes travailleurs disent s’inquiéter fréquemment que quelque chose de grave leur arrive, comparativement à seulement 38 % des travailleurs plus âgés.

Donnée encore plus révélatrice, à peine 15 % des retraités disent réfléchir à des choses qu’ils ne peuvent pas changer, contrairement à 38 % des travailleurs adultes, 44 % des adultes qui n’occupent pas d’emploi et 53 % des étudiants.

Les étudiants seraient d’ailleurs plus nombreux à souffrir de stress et d’anxiété que les jeunes travailleurs, selon le sondage de la National University of Singapore Health System.

Si les jeunes craignent peu de tomber malade en contractant la COVID-19, ils sont très préoccupés des effets collatéraux de la pandémie, en particulier sur leur santé mentale, leur éducation et leurs perspectives d’emploi, selon un sondage de l’OCDE.

Les auteurs de l’étude soutiennent que la pandémie de COVID-19 permettra au moins à la population de développer une plus grande résilience. « La pandémie offre un exercice unique de « vaccination contre le stress ». L’expérience d’apprentissage s’apparente presque à la mise au point d’anticorps contre une maladie… L’effet de l’inoculation sera très positif, bien que le niveau d’immunité varie », affirme John Wong Chee Meng, professeur associé à la National University of Singapore Health et chef clinicien dans le cadre de l’étude.