
Pour atténuer le stress financier vécu par leurs employés, les employeurs pourraient mettre en place des comptes d’épargne d’urgence alimentés par la paie, suggèrent des chercheurs du Laboratoire canadien sur le bien-être financier de l’Université Western.
Cette approche permettrait aux employés de verser automatiquement une petite part de leur paie sur un compte d’épargne dédié, à chaque période de paie, tout en conservant le plein contrôle de leurs fonds : ils pourraient effectuer des retraits au besoin, sans pénalité, et se retirer du programme à tout moment.
Les employeurs, de leur côté, pourraient s’ils le souhaitent verser des contributions de contrepartie, offrir des incitatifs financiers ou intégrer ces fonds d’urgence à leurs plateformes existantes de ressources humaines et d’avantages sociaux afin d’encourager la participation.
Détaillés dans un livre blanc réalisé en collaboration avec l’Institut national de la paie et Gestion de patrimoine CI, ces comptes alimentés par des contributions automatiques permettraient aux travailleurs de se constituer progressivement un filet de sécurité financière « sans avoir à prendre de mesures ou de décisions supplémentaires », affirment les chercheurs.
Plus précisément, un tel fonds d’urgence pourrait se décliner en deux tranches. La première consisterait à un fonds de départ équivalant à environ 2 500 $ ou à un demi-mois de revenu, soit assez pour couvrir les imprévus financiers les plus courants, tels qu’une réparation automobile. La deuxième tranche serait constituée d’une réserve plus importante équivalente à au moins quatre mois de revenu, pour faire face à des perturbations prolongées ou à des événements de vie majeurs tels qu’une perte temporaire de revenu.
Pour que ce système puisse être appliqué efficacement à l’échelle de l’économie, les chercheurs recommandent toutefois de mettre à jour les lois et règlements pour permettre l’adhésion automatique aux programmes d’épargne d’urgence offerts par l’employeur, à l’instar de ce qui se fait aujourd’hui pour certaines cotisations aux régimes de retraite collectifs. Un tel changement permettrait de lever les freins comportementaux courants qui empêchent de nombreux Canadiens de mettre de l’argent de côté de leur propre gré.
« Tout comme l’adhésion automatique a révolutionné l’épargne-retraite au moyen des REER et des régimes de retraite, l’application de la même conception comportementale à l’épargne à court terme pourrait changer la donne, affirme Chris Enright, vice-président exécutif et coprésident de la Financière CI — Gestion de patrimoine, Canada. Les comptes d’épargne d’urgence sont simples, accessibles et rentables à mettre en œuvre pour les employeurs, et leur effet pourrait être véritablement transformateur ».
Selon des données de l’Institut national de la paie, plus d’un quart des Canadiens vivent d’un chèque de paie à l’autre et seraient incapables de faire face à un retard de paie d’une semaine.
Lorsque les employés font face à des difficultés financières, leur rendement au travail peut en pâtir. D’après une autre étude menée par l’Institut national de la paie, plus de la moitié d’entre eux (51 %) admettent penser à leurs finances personnelles pendant leurs heures de travail, et 6 % y consacrent plus de 90 minutes par jour. Cette distraction se traduit par une perte de productivité annuelle de 69,5 milliards de dollars, soit plus du double des 26,9 milliards de dollars enregistrés il y a seulement quatre ans.