La réponse économique du Canada à la pandémie de COVID-19 s’est attiré les éloges du Fonds monétaire international (FMI), mais le prêteur mondial a tout de même des recommandations pour les dépenses à venir du gouvernement.

La réponse du gouvernement canadien et de la Banque du Canada à la pandémie a été « opportune, décisive et bien coordonnée », a souligné le FMI dans un nouveau rapport publié jeudi. En particulier, l’organisation a indiqué que l’économie canadienne aurait connu un « effondrement nuisible », « encore plus important » sans les dépenses de prestations d’urgence du gouvernement, et que la Banque du Canada avait aidé à éviter des perturbations majeures sur les marchés financiers et trouvé le juste équilibre en matière de taux d’intérêt.

Mais la réponse du Canada aux niveaux fédéral et provincial a également contribué à un « déficit budgétaire historiquement important », a précisé le rapport, même si, malgré tout, la dette publique nette du Canada devrait rester faible par rapport à celle des autres pays membres du G7.

« Les restrictions économiques et sociales mises en place depuis mars 2020 ont contribué à atténuer la première et la deuxième vague du virus, mais elles ont eu un coût important », indique le document, notant que le rebond économique avait ralenti lors de la deuxième vague d’infections à la COVID-19 et que le Canada « devait encore accroître sa productivité ».

Le rapport du FMI suggère que le Canada devrait procéder à un examen plus approfondi de son programme d’assurance-emploi pour combler les lacunes d’admissibilité depuis la fin de la prestation canadienne d’urgence (PCU). La PCU et le programme de subventions salariales présentaient des défauts lors de leur déploiement initial, selon le rapport. Par exemple, les travailleurs craignaient de perdre l’intégralité des paiements de PCU s’ils gagnaient 1 $ de plus que le plafond de 1000 $ par mois, et les seuils initiaux pour les subventions salariales sont devenus un obstacle pour les entreprises.

« La crise a révélé des lacunes dans le filet de sécurité sociale du Canada, qui devraient être comblées », indique le rapport. « Les leçons de la crise représentent une excellente occasion de revoir le système d’assurance-emploi. »

Les auteurs du rapport affirment également que les responsables canadiens pourraient réduire l’incertitude pour les consommateurs et les entreprises en reliant l’expiration des prestations à un déclencheur automatique comme le taux de chômage, par exemple, plutôt que d’annoncer arbitrairement la fin de ces mesures.

« Les avantages qui expirent soudainement compliquent les décisions de planification et pourraient augmenter les économies de prudence. Cela pourrait retarder la reprise et, en fin de compte, augmenter les coûts budgétaires. Une communication claire et crédible de la stratégie de sortie sera essentielle », indique le rapport.

Le document suggère également aux banques canadiennes de préparer les emprunteurs hypothécaires à des taux d’intérêt plus élevés à l’avenir.

« Même des mesures bien intentionnées, comme les subventions directes et les déductions fiscales, peuvent avoir des effets pervers sur l’abordabilité du logement, en favorisant ceux qui peuvent déjà se permettre d’acheter une maison au détriment, à long terme, de ceux qui ne le peuvent pas, accentuant ainsi les inégalités existantes », est-il écrit dans le rapport.

Le premier ministre, Justin Trudeau, a discuté jeudi des conclusions du rapport avec le FMI, ainsi que du besoin d’aide internationale des nations des Caraïbes, d’après un sommaire gouvernemental de la conversation entre M. Trudeau et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva.