Les marchés financiers connaissent une accalmie inhabituelle, laquelle incite plusieurs investisseurs à miser sur la faible volatilité. Pourtant, la tranquillité des marchés cache plusieurs pièges, rappelle Peter Coy sur Bloomberg.com.

Plutôt que de parier sur la montée ou la descente des actions, certains investisseurs préfèrent miser sur les variations de prix. Ceux qui ont placé leurs jetons sur de faibles variations du prix des actions ont obtenu des résultats impressionnants dernièrement.

Le VelocityShares Daily Inverse VIX Short-Term exchange-traded note, par exemple, a procuré un rendement de 180 % en un an.

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Prévoir la volatilité

Lancé par le Chicago Board Options Exchange, le VIX se calcule sur la base des prix d’options sur l’indice S&P 500. Les options servent à miser sur la montée et la descente des prix d’actions jusqu’à certains niveaux. Plus la volatilité est grande, plus le prix de ces options tend à grimper, car les chances d’atteindre les niveaux cibles sont plus grandes. Le VIX, lui, mise plutôt sur la chute du prix des actions, d’où son surnom d’« indice de la peur ».

Le VIX tendant à grimper quand les actions baissent, les investisseurs s’en sont d’abord servi comme position de protection contre les pertes. Sauf que les cours des actions n’ont pas baissé et que ces produits sont coûteux, ce qui ampute le rendement des investissements quand le marché ne faiblit pas.

Un nouveau produit est donc apparu. Celui-ci propose de miser sur une faible volatilité. Plutôt que de faire de l’argent lorsque la valeur des actions chute, on en fait lorsqu’elle reste stable. Plus la volatilité diminue, plus c’est payant. C’est le concept du VelocityShares inverse VIX note.

Mais ce pourrait être une fausse bonne idée, croit Peter Coy. Si le marché chute considérablement, les investisseurs devront bouger vite pour diminuer leurs pertes, peut-être en rachetant le premier VIX, qui permet de miser sur la baisse du prix des actions plutôt que sur la faible volatilité. Retour à la case départ, en somme. Mais si la dégringolade du marché stoppe, les investisseurs encaisseront une nouvelle perte.

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Pari risqué

Pour Peter Coy, il s’agit là d’un exemple de la complaisance des investisseurs dans un marché peu volatil où les prix des actions sont très hauts.

Pourtant, la volatilité pourrait bien reprendre ses droits. Selon l’économiste Robert Shiller, spécialiste de la finance comportementale, « les économistes ne comprendront jamais la volatilité parce qu’elle reflète des changements de narration; c’est ce qui occupe l’attention des gens et non un phénomène stable ». Autrement dit, si les investisseurs prennent peur, les marchés deviendront instables, peu importe que la peur soit justifiée ou non.

L’instabilité pourrait aussi venir de la stabilité elle-même. Dans un marché calme, les investisseurs ont tendance à trop payer cher leurs actifs. Ceux qui peinent à obtenir de forts rendements à cause de la faible volatilité empruntent pour augmenter leur mise. Ils deviennent alors vulnérables en cas de hoquets du marché.

Ce n’est pas parce qu’il ne peut pas qu’il ne pleuvra plus jamais. Prévoir les aléas de la volatilité est fort hasardeux. Les investisseurs devraient se le tenir pour dit.

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