Est-ce qu’on peut sauver la planète en envoyant ne serait-ce qu’un courriel de moins par jour?

Dans une étude publiée l’an dernier, la firme énergétique britannique Ovo affirmait que si chacun des quelque 66,7 millions d’habitants du Royaume-Uni envoyait seulement un courriel de moins chaque jour, on retirait 16 tonnes de CO2 de l’atmosphère, soit l’équivalent de 22 vols aller-retour entre Londres et New York.

Des chiffres qui frappent l’imaginaire, mais des chiffres qu’il faut aussi remettre en perspective, prévient le professeur Michel Dagenais, de Polytechnique Montréal.

« Il y a eu combien de voyages entre Londres et New York pendant l’année?, a-t-il demandé. Pas mal plus que 22. Il faut mettre tout ça en pourcentage. »

L’étude d’Ovo a aussi constaté que 49 % des internautes envoient des courriels très courts, parfois simplement pour dire « merci » ou « à tantôt », à des gens qui sont à portée de voix.

Cela étant dit, poursuit M. Dagenais, il est pratiquement impossible de calculer avec précision l’énergie consommée par l’envoi d’un simple courriel. Il y a l’électricité utilisée par l’ordinateur de l’auteur du message, celle des routeurs et des réseaux par lesquels il transitera, celle de l’ordinateur du récipiendaire…

« Il y a une partie qui est un coût fixe, mais il y a une partie qui est proportionnelle (à la longueur du courriel), a précisé M. Dagenais. Si on envoie une photo en haute résolution ou si on envoie un film, versus si on envoie un « merci », ce n’est pas la même chose. »

Centres de données

Le « nuage » est constitué de mégacentres de données répartis à travers le monde. Ces centres, qui sont indispensables au bon fonctionnement du web et donc à la circulation de nos messages, sont aussi d’insatiables créatures énergivores.

Les géants comme Google et Microsoft qui les exploitent et qui en épongent la facture d’électricité se tournent donc depuis plusieurs années vers les énergies renouvelables, non seulement pour réaliser des économies, mais aussi pour soigner leur image corporative, explique M. Dagenais.

« Selon Google, 3000 recherches consomment 1 kWh, ce qui équivaut à peu près à cinq ou dix sous, a-t-il dit. Et si avec la recherche on a pu trouver un article à acheter près de chez nous et qu’on y est allé à pied au lieu d’en voiture, le gain est énorme. »

La plupart des internautes ne réalisent pas non plus que tous les sites internet qu’ils visitent ne sont pas aussi demandants les uns que les autres pour leur ordinateur, poursuit-il.

Un site visité une fois pas un internaute ne pose pas vraiment problème. Mais si on parle de millions de sites visités chaque jour par des millions de personnes… la quantité d’énergie gaspillée finit par s’accumuler.

« Il y a des sites web qui sont programmés de façon tellement épouvantable!, a lancé M. Dagenais en conclusion. Si on regarde la consommation (de l’unité centrale de traitement, CPU) de notre ordinateur, il y a certaines pages web qui bouffent toute la puissance de notre ordinateur qui est disponible. (…) Si on ouvre quelques pages aussi gourmandes, on réalise que notre ordinateur peine à fournir, et ce n’est pas normal. »