Après une année turbulente, la croissance de l’économie canadienne devrait atteindre 2,5 % en 2012, selon les dernières perspectives économiques que les Services économiques de RBC. Les prix des matières premières restent à des sommets historiques, la reprise aux États-Unis devrait se poursuivre et la Banque du Canada maintient sa politique de détente monétaire. Tous ces facteurs soutiendront la croissance économique canadienne. Les prévisions de croissance reposent toutefois largement sur l’hypothèse que les dirigeants européens parviendront à juguler la crise des dettes souveraines de la zone euro.

« La croissance de l’économie canadienne a connu de fortes fluctuations en 2011. La contraction inattendue au deuxième trimestre était imputable à des facteurs temporaires – les catastrophes naturelles au Japon, la baisse de la production automobile et les incendies de forêt en Alberta. Ces facteurs négatifs s’étant dissipés, la croissance a fortement rebondi au troisième trimestre, a expliqué Craig Wright, premier vice-président et économiste en chef, RBC. Les premiers chiffres publiés au deuxième trimestre ont poussé certains analystes à parler d’une rechute en récession, mais les données du troisième trimestre ont démenti ces spéculations. »

La réaction de la Banque du Canada
L’incertitude toujours plus marquée qui régnait sur l’économie mondiale, la croissance modérée au Canada et la crainte que l’inflation ne s’installe durablement ont incité la Banque du Canada à maintenir les taux d’intérêt à de très faibles niveaux. Elle a réaffirmé récemment son taux d’inflation cible de 2 pour cent pour les cinq prochaines années et manifesté la volonté de faire preuve de souplesse dans sa politique monétaire.

« La souplesse de la Banque du Canada pendant la crise des marchés financiers a aidé l’économie du pays à surmonter le pire de la crise, a poursuivi M. Wright. Compte tenu du ralentissement préoccupant de l’économie mondiale et des effets qu’il pourrait avoir sur la croissance canadienne, nous pensons que la Banque centrale maintiendra sa politique de détente monétaire au moins jusqu’au milieu de 2012. »

Le rapport de RBC souligne que le déficit budgétaire du Canada s’est accru pendant que les gouvernements luttaient pour éviter une récession plus profonde, ce qui a fait grimper le ratio d’endettement du pays, qui reste néanmoins le plus faible des pays du G7.

Les consommateurs canadiens ont été le principal moteur de la croissance en 2010. Les sociétés leur ont emboîté le pas en 2011. Les achats de machines, d’équipements et de biens non résidentiels ont assuré près de 60 % de la croissance annuelle.

Le plus important changement dans la composition de la croissance viendra des exportations nettes, qui seront soutenues par la croissance économique plus robuste des États-Unis et par la hausse de la demande de produits automobiles et d’énergie. Le PIB réel des États-Unis devrait augmenter de 2,5 % en 2012.

Les importations canadiennes devraient aussi augmenter, mais à un rythme plus modéré que la hausse de 10 % enregistrée en moyenne ces deux dernières années. Les sociétés canadiennes avaient en effet profité de la vigueur du dollar canadien, qui faisait baisser les prix des biens importés des États-Unis, pour acheter des machines et des équipements destinés à accroître la productivité.

Au début de la reprise, l’augmentation rapide des dettes de consommation avait propulsé le ratio dette/revenus des ménages au-dessus de celui des Américains. L’accumulation de dettes n’a pas encore baissé suffisamment pour inverser ce ratio. Parallèlement, le ratio des dettes par rapport aux actifs devrait augmenter, car la hausse de valeur des avoirs immobiliers a été très largement neutralisée par la baisse des actifs financiers au troisième trimestre.

« L’endettement rend l’économie plus vulnérable et l’expose à un ralentissement considérable en cas de choc imprévu comme une dégradation du marché de l’emploi, une baisse des prix du logement ou une hausse des taux d’intérêt, a expliqué M. Wright. À court terme, nous ne voyons rien qui puisse provoquer de tels chocs ; les taux d’intérêt très faibles et un marché du travail stable permettront aux ménages de gérer leurs dettes. »

L’impact des dettes souveraines en Europe
La saga des dettes souveraines nuit aux perspectives de croissance des pays européens et aux exportations des principaux partenaires commerciaux de l’Union européenne. Ces effets directs sur les perspectives économiques mondiales sont encore exacerbés par les effets indirects de la volatilité des marchés financiers. La possibilité que les sociétés et les ménages restreignent leurs dépenses jusqu’à ce que la situation en Europe devienne plus claire augmente le risque que certains pays retombent en récession.

Il restera certes des problèmes structurels, mais les dirigeants semblent progresser vers une solution à la crise des dettes, ce qui signifie que la récession prévue en Europe sera probablement de courte durée. La croissance sera nulle en 2012, puis redeviendra positive, mais peu vigoureuse en 2013. L’inflation restera faible et la Banque centrale européenne maintiendra sa politique de détente monétaire exceptionnellement accommodante.